Watchmen
8.5
Watchmen

Comics de Alan Moore et Dave Gibbons (1986)

Présenté comme l’un des plus grands chefs-d’oeuvre de la bande dessinée anglo-saxonne par l’un des auteurs les plus atypiques, je ne pouvais dignement pas rester très loin plus longtemps du pavé monumental qu’est l’intégrale de Watchmen.

Alan Moore est un écrivain anglais très célèbres pour ces comics riches, complexes et de qualité dont plusieurs sont considérés comme des musts du genre. Il commence à travailler dans l’univers du comic book dans les années 80. Connu pour être un anarchiste au discours mordant (son côté politique dont on reparlera par la suite et qui influence grandement son travail), nombre de ses travaux ont été adapté au cinéma avec pas moins de 5 adaptations (From Hell, La Ligue des gentlemen extraordinaires, Constantine, V pour Vendetta, Watchmen) en 8 ans. Le film Watchmen réalisé en 2009 par Zack Snyder ne m’avait pas franchement plus. D’ailleurs, Alan Moore non plus n’apprécie pas les films tirés de ses comics. Il refuse que son nom apparaisse à l’écran lors des génériques et ne perçoit aucune somme en droit d’auteur sur ses adaptations. Il trouve que c’est de l’argent mal dépensé car ce sont des mauvais films, presque une insulte au cinéma là où tant de réalisateurs ont pu faire de merveilleux films sans effets spéciaux ni trucage informatique. Il est encore plus cru dans ses propos que je vous invite à lire ici

On se trouve dans un monde estropié sombrant de plus en plus dans le chaos, une troisième guerre mondiale à l’horizon. Les super-héros ne sont plus ce qu’ils étaient, aimés de personne, parfois même détesté, chacun a son lot de vices. Certains deviennent fous, d’autres agonisent en silence. Tous, à l’exception du Dr Manhattant, sont sans pouvoir. De pouvoir, il en d’ailleurs beaucoup question ici. D’abord par la place des super-héros. Sont-ils tout-puissant parce que considérés comme justicier? N’y a-t-il que du bon à retirer de leur présence. C’est le culte du héros qui est remis en question, en modifiant des évènements historiques qui petit à petit mènent à une fin de monde. Le pouvoir aussi par la politique. D’ailleurs, Alan Moore considère la société comme étant déjà anarchique. Il dit que dans une anarchie, c’est le plus fort qui l’emporte et qu’ainsi, notre société actuelle vit déjà sous ce régime. Cette pensée est très présente dans Watchmen où la vision politique qu’il y décrit a traversé les décennies sans prendre une ride.

Les thèmes illustrés sont donc en soi déjà complexes, mais Alan Moore ne s’arrête pas là et enrichit son récit de nombreux éléments. Abondance d’intrigues et de personnages à la personnalité détaillée qui s’entrecroisent tout au long de l’histoire. Le nom même de l’oeuvre de Moore et Gibbons est pleine de représentation. Watch de Watchmen qui veut dire montre en anglais, or le récit est divisé en douze chapitres et les références au temps qui passe sont nombreuses dans les images. Mise en abîmes et symboles sont aussi de la partie, et pour couronner le tout, des « documents annexes » sont présents à la fin de chaque chapitre pour approfondir toujours plus la narration. La qualité du scénario est indéniable, celle de la traduction de l’édition que j’avais empruntée sans doute un peu moins. Les dessins ont pris un petit coup de vieux bien naturel mais cela reste fort malgré tout, il y a d’ailleurs quelques découpages absolument magnifiques.

Qui a dit qu’une BD se lisait vite? Que c’était trop cher pour ce que c’était? Watchmen fait taire les plus pessimistes au genre de la littérature dessinée, c’est un comic book qui s’estime que si on prend son temps pour découvrir le pavé de presque 500 pages concentrées. Mais trop de complexité n’écrase-t-elle pas la force de l’histoire?

Extraordinaire par sa singularité, je n’aurais finalement pas pu l’apprécier complètement tant l’histoire complexe m’a parfois saturé le cerveau. Cependant, je n’exclue pas de le relire (mais en anglais, car je ne suis pas certaine que la traduction ait été au top) un jour afin d’en comprendre toutes les subtilités. À ne pas mettre entre les mains de quelqu’un qui lit sa première bd.

Créée

le 6 mai 2013

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AGipsySpirit

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