Avec Z comme Zorglub (1961), André Franquin, Greg, et Jidéhem introduisent un méchant aussi charismatique que loufoque dans l’univers de Spirou et Fantasio. Zorglub, avec son ego surdimensionné et ses inventions aussi impressionnantes que dangereuses, transforme cette aventure en une comédie de science-fiction délirante, où les rayons hypnotiques et les Zorgl-mobiles remplacent les cow-boys et les pirates.
L’histoire démarre sur un mystère : des villageois de Champignac, connus pour leur flegme rural, deviennent subitement des zombies obéissants. Très vite, Spirou et Fantasio découvrent que derrière ce chaos se cache Zorglub, un génie scientifique et ancien camarade de classe du comte de Champignac, qui a troqué l’éthique pour des plans de domination mondiale. Ce qui suit est une série de rebondissements où gadgets futuristes et stratégies absurdes s’enchaînent dans une escalade irrésistible.
Zorglub est une véritable star dans cet album. Avec son mélange d’arrogance, de génie et d’humour involontaire, il incarne le méchant qu’on adore détester. Son obsession pour son image (qui inclut des entrées théâtrales et des plans diaboliquement farfelus) le rend aussi ridicule qu’impressionnant. Chaque dialogue de Zorglub est une pépite de mégalomanie hilarante, où même ses échecs semblent calculés pour maximiser l’effet dramatique.
Spirou, fidèle à son rôle de héros pragmatique, se démène pour contrer Zorglub avec son intelligence et son sens de la justice. Fantasio, quant à lui, apporte une dose de comédie bienvenue, oscillant entre enthousiasme naïf pour les inventions de Zorglub et paniques hilarantes lorsqu’elles tournent mal. Leur duo fonctionne à merveille, offrant un équilibre parfait entre action et humour.
Visuellement, Franquin est au sommet de son art. Les designs futuristes des machines de Zorglub, de ses Zorgl-mobiles à ses immenses antennes, sont aussi crédibles qu’iconiques. Les scènes d’action, comme les poursuites ou les confrontations, sont dynamiques et pleines de détails savoureux. Les expressions faciales des personnages, qu’il s’agisse de la panique de Fantasio ou du sourire suffisant de Zorglub, renforcent l’humour et l’intensité des situations.
Narrativement, Greg et Franquin livrent un récit captivant, où les rebondissements et les surprises maintiennent l’intérêt tout au long de l’histoire. L’intrigue mêle science-fiction, comédie, et un soupçon de critique sociale sur la soif de pouvoir et la technologie hors de contrôle. Les dialogues, toujours incisifs, regorgent de jeux de mots et de clins d’œil qui ajoutent une richesse supplémentaire à la lecture.
Si l’album a un petit défaut, ce serait peut-être le rythme parfois frénétique, qui ne laisse que peu de temps pour respirer entre les scènes d’action et les révélations. Mais cette énergie débordante fait aussi partie de son charme.
En résumé, Z comme Zorglub est une aventure incontournable de Spirou et Fantasio, où Franquin et son équipe mélangent génie, humour, et gadgets futuristes dans un récit aussi hilarant que palpitant. Zorglub, avec son charisme excentrique, vole la vedette, et les péripéties de Spirou et Fantasio prouvent une fois de plus que le duo n’a rien perdu de sa superbe. Un classique intemporel, à lire avec une Zorgl-mobilité bien accrochée.