Le Fantôme des trop grandes libertés

Deux critiques, la première écrite lors de sa sortie au cinéma, la seconde quelques mois après sa diffusion à la télévision.


Bonne scène d'introduction,


de l'ingénieux plan-séquence à la belle baston qui s'ensuit au sol et surtout dans l'hélicoptère :


« Spectre » démarre bien. Hélas, si le générique est plutôt réussi, il est peu dire que le titre de Sam Smith ne rivalise pas avec celui d'Adele, l'un des plus magiques de la saga. Sentiment déceptif qui, malheureusement, va se confirmer par la suite. Attention, tout n'est pas négatif pour autant : on ne s'ennuie pas, cela reste très soigné et les scènes d'action sont toutes réussies, ces voyages aux quatre coins du monde offrant un dépaysement garanti. Alors il y a bien ce thème très d'actualité qu'est la vidéosurveillance de masse, mais elle reste constamment en arrière-plan, sorte de vrai-faux argument pour donner une motivation aux deux « bad guys » de l'histoire, finalement peu (et mal) exploités.


À ce titre, Christoph Waltz a beau faire ce qu'il peut, alors qu'il est censé être une sorte de méchant absolu, il apparaît bien pâle, ces répliques s'avérant parfois assommantes, à l'image de l'interminable scène où


Daniel Craig et Léa Seydoux (correcte mais sans envergure) sont capturés (la seconde, où les deux ennemis sont séparés par une simple glace, est nettement meilleure).


Encore cela aurait été délibéré de le laisser dans l'ombre afin de créer une véritable mythologie autour de ce mystérieux personnage, mais ce n'est clairement pas le cas, du moins pas dans la seconde partie. De plus, le film s'offre le luxe de quelques élans machistes dignes de la « belle époque » assez surprenants, que ce soit dans la relation Bond - Swann et surtout la parenthèse avec Monica Bellucci qui, si elle ne manque pas de sex-appeal, apparaît bien factice.


Même Naomie Harris et Ralph Fiennes, pourtant joliment exploités dans « Skyfall », reste ici au second plan, n'ayant en définitive pas grand-chose à jouer. Après, cela reste divertissant, parfois sympa, notamment dans cette volonté de mélanger Bond anciens et récents


(évoquer aussi bien Donald Pleasence que Mads Mikkelsen ou Javier Bardem : pas mal!),


quelques moments m'ayant tout de même plu (notamment à travers les touches d'humour apportés par l'excellent Ben Whishaw), mais alors qu'il promettait beaucoup, voilà un 24ème volet clairement placé sous le signe du mode mineur : on suivra les importants changements qui s'annoncent pour l'aventure suivante...


Seconde critique (2021) (5/10) :


Bonne surprise : ce revisionnage m'a permis de réévaluer légèrement ce dernier (plus pour très longtemps!) James Bond, sans doute déçu à l'époque tant j'attendais un digne successeur de « Skyfall », ce qui n'est pas vraiment le cas. Pourtant, que ce soit le plan-séquence initial, cette volonté de nous plonger dans un univers contemporain, surchargé par les nouvelles technologies, une maîtrise technique admirable de Sam Mendes et des scènes d'action souvent impressionnantes, pendant un temps j'ai vraiment été séduit par « Spectre », si ce n'est un côté « macho » étonnamment de retour, où James séduit qui il veut, quand il veut à la vitesse de l'éclair.


Et puis cela m'est revenu : l'arrivée de Léa Seydoux et, surtout, celle de Christoph Waltz. Passe encore la première, « James Bond Girl » peu marquante finissant, elle aussi, par


tomber sous le charme.


Le second et tout ce qui va avec son arrivée est beaucoup plus problématique. Non seulement celui-ci se contente de signer une prestation sans surprise, mais ce côté


« némésis »


ne tient pas du tout la route, à la fois mal amené, mal expliqué, peu convaincant et peu crédible, le cheminement pour en arriver là étant plus que léger.


Alors en plus, quand on nous apprend que le personnage faisant voter un projet ultra-sécuritaire


n'est autre qu'un homme de main de Blofeld,


on perd vraiment toute subtilité dans le regard, à l'image de ce dénouement sorti de nulle part, où l'on se demande comment


Blofeld a eu le temps d'installer un tel plan diabolique.


Bref, très prometteur avant de se perdre dans des ambitions mal maîtrisées, mélange peu convaincant de nostalgie et modernité, « Spectre » séduit autant qu'il finit par décevoir, par ailleurs fort spectaculaire et, donc, quand même un peu plus réussi que dans mon souvenir.

Créée

le 29 avr. 2018

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Caine78

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