C’est parti pour ce nouvel opus que j’attendais avec impatience, ayant espoir en un possible retour de Sam Mendès cineaste, auteur. Caramba ! Encore raté !
Mais commençons par le commencement. C’est quoi cette histoire parentale de simili frangin sorti de derrière je ne sais quel fagot moisi ? Mais ce n’est pas possible qu’on en soit encore là, à nous faire le coup de l’élément familial maudit qui se venge. Ernst Stavro Blofeld, le plus grand méchant de tous les James Bond, le chef du SPECTRE quand même, rabaissé à une enfance malheureuse parce que son père préféré manger des spaghettis avec James Bond plutôt qu’un chili con carne avec son fils… Rien que ça, c’était fini pour moi. Je pliais boutique. Mais comme la forme m’en voulait tout autant que le fond, j’ai pris cher. Très cher.
Ouverture, Mexico, fête des morts. On se croirait retourné dans le bayou de Roger Moore dans « Vivre et laissé mourir ». Le plan-séquence est long, sans intérêt. Ça veut en mettre plein la vue en décors, costumes et figurants et on ne voit plus que ça défiler, des décors, des costumes et des figurants. Daniel Craig est aussi sec et squelettique que son costume et sa façon de séduire faussement cette jeune donzelle masquée afin de rendre la scène plus attirante ne fait que lui donner plus de grossièreté lorsqu’il sort par la fenêtre, l’air détaché. La scène qui s’en suit volontairement spectaculaire n’a absolument aucune intensité. Malheureusement, ça y est, Daniel est fatigué. Trop vieux pour ces conneries. Il se balade au milieu du film comme un bond en pantoufles au milieu de ses souvenirs.
Le générique d’une banalité navrante, accompagné, soyons honnête, d’une soupe auditive tenant plus de la daube de mon arrière grand-père imitant Adèle, style vielle recette dans un vieux pot mais qui a collé au fond, que de la création faisant honneur à la franchise.
Ça commence très mal.
À vouloir trop chercher le réalisme torturé d’un passé que l’on veut toujours plus crasseux parce que c’est tellement mieux quand c’est dégueulasse, on arrive à du réalisme torturé et crasseux mais inutile et ennuyeux. James Bond en devient désagréable. Quel manquement ! Et tout est long.
Sam Mendes a perdu sa revanche contre Broccoli.
Et comme on veut absolument montrer à tout le monde que c’est bien un James Bond alors on va aller chercher des références dans plein d’épisodes précédents.
Ah, les dents d’acier on a déjà fait (Jaws), alors pour faire un autre méchant, très très méchant qui fait très mal, on va lui en mettre où de l’acier ? Et ben on n’a qu’à lui en coller sur les ongles. Il aura des ongles indestructibles. Qui votre contre ? Personne ! Adjugé vendu. Le gros méchant très fort qui fait 2 m 20 aura des ongles en acier. Ridicule !
Même les poursuites en voiture sont lentes. Justement contre le grand aux ongles d’acier, c’est filmé à la pépère en caddie de golf. On a l’impression qu’on pourrait courir à côté des voitures pour leur dire d’appuyer un peu sur le champignon.
Tout est téléphoné et bidonné. Mais revenons aux références dont le film est truffé.
La station au sommet des montagnes sous la neige ressemble étrangement à celle d’« Au service secret de sa majesté » ; la scène de carnaval du début avec la recherche dans la foule, allons y sans se gêner, si on regarde « Vivre et laisser mourir », c’est quand bien imité ; les ongles d’acier, évidemment, c’est « L’espion qui m’aimait » et « Moonraker » ; quant à la sublime station dans le cratère en plein désert, le clin d’œil au cratère de volcan d’« On ne vit que deux fois » est quand même plus qu’énorme.
Ce n’est pas ça qui en fait un mauvais film pour autant. C’est tout le reste. Et Léa Seydoux fait partie du lot. Parlons de cette James Bond Girl… Elle fait ici honneur à l’opinion que j’ai toujours eue d’elle dans l’ensemble de sa filmographie. Inodore dans toute sa platitude qui se veut être de l’intensité. Aussi insipide qu’un carrelage de salle de bain d’hôpital. Eva Green aura marqué à jamais l'histoire. Du coup l’histoire d’amour est pitoyable, improbable et sans saveur. Qui y croira doit relire Oui Oui. Il y a plus d’intensité amoureuse entre Mirou et Potiron qu’entre James et la fille du vilain. Et c’est peu dire !
Quant à Monica Belucci, on se demande comment le peu de temps qu’ils passent ensemble a pu impressionner la pellicule. Même la sensualité semble feinte dans cette lumière sépia crémeuse qui dégouline de répliques écrites à l’encre chantilly.
De façon plus générale, chaque scène pourrait être tournée au ridicule. L’explosion finale du cratère, le lancé de flingue quand Bond renonce à la vengeance, l’arrivée de Blofeld à l’assemblée, filmée dans le noir, faisant parler les autres pour ne pas avoir à toucher un micro, dans le style maîtrise complète de l’humanité et trop supérieur pour s’abaisser à toucher des éléments matériels, mais par contre se salissant les mains lorsqu’il s’agit de torturer James à coup de bistouri commandé par ordinateur.
Je sauverai la bataille à mains nues dans le train qui reste le seul moment attrayant. C’est brut, sans fioriture et convaincant.
Ça ne sera pas encore pour cette fois-ci que James retrouvera ses lettres de noblesse.