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Grand western avec John, qu'on réévalue d'autant mieux qu'on le compare à son remake avec Jeff

Impossible de dissocier le film des frères Coen de la version du même roman True Grit tournée par Hathaway avec John Wayne en 1969, qu’on est alors tenté de revoir et qu’on rérvalue vers le mieux à chaque fois.

Il n'y avait pas de meilleur choix que Jeff Bridges, dans le film des frères Coen en 2010, pour reprendre quarante ans après John Wayne son rôle de Rooster Cogburn, vieux chasseur de primes émérite et alcoolique dans le True Grit de Hathaway de 1969.

Matt Damon en LaBoeuf est curieusement ressemblant de Glen Campbell, acteur peu connu et maintenant oublié qui jouait le jeune Texas ranger présomptueux dans le premier opus.

Les deux actrices jouant Mattie Ross, l'adolescente déterminée à venger son père de son assassin Tom Chaney (campé par Jeff Corey puis par James Brolin) sont bien dans leur rôle, savoureux. L'avantage est pour Kim Darby dans True Grit version 1, qui est plus convaincante en petite peste intransigeante, négociatrice hors pair épuisante et attachante (l'abdication stupéfaite de Strother Martin devant elle est un délice), que la plus jeune et plus jolie Hailee Steinfeld dans la version 2. La première a 20 ans et déjà plusieurs films à son actif tandis que la seconde a vraiment 14 ans, l'âge du personnage. 

Le rôle de Ned Pepper, joué en 1969 par Robert Duvall, est parfaitement repris, en 2010, par un jeune acteur dont le vrai nom est ... Barry Pepper.

Dans l'opus de 1969, la mélancolie d'un film avec un héros de western vieillissant (qu'on retrouve dans nombre d'excellents westerns des années 60) est largement compensée par l'ambiance chaude et pleine d'humour des westerns traditionnels en Technicolor comme Hathaway a toujours su en faire.

Tandis que le remake de 2010, comme tous les remakes tardifs de ces classiques du western (par exemple Les Sept mercenaires, ou 3h10 pour Yuma), a une note triste : tous ils font naitre un peu d'amertume et de regret à la fin, comme si le passé légendaire révolu et regretté infiltrait malgré eux ces films nostalgiques.

Les frères Coen peuvent vous irriter une fois encore - malgré leur talent - car leur coefficient d'inspiration à partir d' autres oeuvres, voire de plagiat, n'est pas assumé ni admis. 

Dans Miller's Crossing déjà, ils ne créditaient pas au scénario le pourtant très célèbre et très connu roman de Dashiell Hammett, qui fut tourné deux fois auparavant : en 1935, par Frank Tuttle, avec George Raft, et en 1942, par Stuart Heisler avec Alan Ladd sous son titre d'origine de The Glass Key, la Clef de verre.

Ici, leur générique pour True Grit mentionne le roman de Charles Portis comme source, c'est la moindre des choses. Mais le film suit aussi pas à pas celui de 1969, dont il n'est fait mention nulle part. Et certes on peut écrire directement pour l’écran à partir du matériau du roman, puis se créditer soi-même comme scénariste, comme si on n'avait jamais vu le premier film. 

Cependant, au moins la séquence culte où Rooster (John Wayne) à cheval affronte Ned Pepper (Rober Duvall) et ses 3 acolytes dans une clairière est copiée à l'extrême identique, plan par plan. 

C'est une séquence qui était superbe par son rythme, sa tension, sa chorégraphie et elle n’était pas la simple mise en images d'un scénario. C’était au contraire complétement « du cinéma » car personne ne peut tirer ainsi au fusil (et au revolver) au galop sur un cheval, et elle a été inventée, créée par ce maitre qu'était Hathaway. Les frères Coen lui rendent ici un très bel hommage... sans le mentionner.

(Notule de 2022 publiée en décembre 2024).

Michael-Faure
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le 29 déc. 2024

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Michael-Faure

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