J'ai un peu de mal à véritablement apprécier le cinéma de Depardon, parce qu'il est si proche de la vraie vie que je ne parviens pas toujours à poser un jugement sur l'objet filmique.
10e chambre est cependant très intéressant, puisqu'il permet à la fois de rencontrer des profils individuels divers et variés, et surtout de vivre avec ses acteurs le fonctionnement de la justice.
On peut aussi mieux apprécier le rôle de juge, qui est quand même très particulier. On sent tout de même une nature paternaliste et infantilisante, très pédante certaines fois. Le cas du sociologue (probablement) condamné pour port d'un opinel m'a proprement indigné, et c'est la scène qui me marquera certainement le plus. J'ai trouvé l'accusation ridicule, sa défense très courageuse et rigoureuse, mais surtout l'attitude de la juge m'a semblé très révélatrice du complexe de supériorité inhérent au métier qu'elle exerce. Toute la violence symbolique de la justice est présente dans cet extrait, et le rapport de force transparait totalement. Les règles du jeu ne peuvent pas être modifiées, et personne ne peut briser le 4ème mur de cette grande comédie.
Parallèlement à l'inextinguibilité de la machine judiciaire, le film démontre aussi clairement un déterminisme social poussant au délits, et on se sent parfois démuni devant des destins qui semblent conçu pour mal tourner. Nombreux sont les prévenus qui ont un casier judiciaire bien rempli, et le film interroge aussi la question de la récidive et de l'efficacité de la prison.