Raymond Depardon a obtenu l’autorisation exceptionnelle de pouvoir filmer le déroulement des audiences de la 10ème Chambre Correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Pendant 3 mois, le réalisateur a filmé 169 cas et en a retenu 25 pour le montage final, cette immersion dans le milieu judiciaire nous permet de découvrir de l’intérieur le quotidien de la justice française.
On y retrouve la présidente Michèle Bernard-Requin, qui était alors substitut du procureur dans deux précédents films du réalisateur, Délits flagrants (1994) & Muriel Leferle (1999). Filmé champ contre champ, entre les prévenus et leurs avocats d’un côté et la juge et le procureur de la République de l’autre, sans le moindre commentaire en voix off. Ce qui en résulte est parfaitement exceptionnel, tant il est extrêmement rare de pouvoir filmer des délibérés de justice, puisqu’il est interdit de filmer un procès s’il n’est pas historique. Les cas sont tout aussi divers et variés, on y croise différents protagonistes qui représentent parfaitement bien ce qu’est la France d’aujourd’hui, des personnes parfaitement bien intégrées dans la société, des travailleurs, des chômeurs et des étrangers (parfois sans papier). C’est un ballet incessant de cas (parfois tragi-comique) qui s’enchaîne sous nos yeux (alcool au volant, outrage envers des agents assermentés, port d’arme illégal, actes malveillants & harcèlements, vols à la tire, deal de drogue, menace avec arme, refus d'obtempérer, absence de permis de conduire, …) et certains prévenus haut en couleur retiennent notre attention, on repense notamment à (les prénoms ont été changés) Nicole la peintre, Fabien sous Tranxene, Ali le voleur du métro ou encore Antoine et ses Opinels, …
Entre la mauvaise foi des uns et l'honnêteté des autres, les questions fusent et les réponses se font parfois hasardeuses, le tout contrebalancé avec les plaidoiries des avocats des prévenus et le ton sec et parfois désabusé de la Présidente. 10e chambre - Instants d'audience (2004) prend brillamment la relève 10 ans après Délits flagrants (1994) pour une immersion tout bonnement passionnante.
(critique rédigée en 2006, actualisée en 2024)
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