Plébiscité par la presse et le public, 120 Battements par minute, réalisé par Robin Campillo, serait-il LE film à ne pas rater en cette rentrée ?
Oui.
Et ce « oui » est justifié par plusieurs raisons. Premièrement, si vous ne l’avez pas vu, qu’allez-vous faire à l’heure de la pause lorsque vos collègues, vos camarades vont parler de ce film ? Deuxièmement le film en lui-même, dont je vais un peu plus détailler les points forts.
Ce long-métrage retrace quelques années de luttes menées par les militant(e)s d'Act Up Paris durant les années 90, où l’épidémie du SIDA fait rage, en particulier dans la communauté homosexuelle mais pas que. Ce combat est observé à travers les yeux de Nathan, nouveau militant et rare séronégatif du mouvement, et de Sean, militant radical et séropositif.
Dès la scène d’ouverture le ton est donné : un militant d'Act Up souhaite la bienvenue aux nouveaux arrivants comme s’il nous recevait nous, simple spectateur, puis le reste des activistes arrivent accompagnés de leur énergie. On assiste alors à un débriefing de l’action qu’ils viennent de mener entrecoupé par la scène de ladite action, selon le point de vue de chaque intervenant.
Dès le début du film on voit l’une de ses principales forces : cette capacité à dépeindre une galerie de personnages ayant chacun ses motivations et ses idées, regroupés par une lutte commune.
Un rapprochement entre Nathan et Sean va rapidement avoir lieu au cours des réunions hebdomadaires (les RH), des actions et des soirées, nous permettant d’en apprendre plus sur le passé de chacun. Mais je n’en dis pas plus et je vous suggère d’aller en salle pour satisfaire votre curiosité.
Une autre des forces de ce film est d’avoir été réalisé par un activiste d'Act Up ayant milité à cette période, par quelqu’un qui était concerné par ce sujet gravissime et malgré tout ignoré par les pouvoirs publics. « Notre image est passée de gentils homosexuels qui meurent à celle de pédés énervés » dit Robin Campillo. En effet, les personnes les plus touchées par le SIDA sont les homosexuels, les travailleuses du sexe, les toxicomanes et les prisonniers. C’est donc une piqûre de rappel nécessaire de montrer que sans ces combats menés par la « communauté SIDA », nous aurions peut-être connu une épidémie encore plus ravageuse qu’elle ne l’a été.
Durant son intervention, Robin Campillo a parlé du besoin de non-mixité dans les luttes, c’est-à-dire des réunions où seules les personnes concernées par un sujet sont conviées. Les personnes extérieures ayant tendance à monopoliser une partie des discussions et diminuent le temps de paroles de ceux qui ont des choses à dire. Ce besoin est parfaitement retranscrit à travers son œuvre.
Nous avons désormais la chance d’être dans une société où les droits des séropositifs ont progressé, où les distributeurs de préservatifs font partie du paysage et où les lycéen(ne)s étudient le fonctionnement du VIH. Mais le combat continue… Notamment quand des villes, il y a seulement quelques mois, avaient fait retirer les affiches d’une campagne de prévention contre le VIH.