Il y a des films qui ne sont pas particulièrement agréables à voir mais qui sont nécessaires, et 120 battements par minute fait clairement partie de ceux-là. Lent et pesant, il paraît durer des heures alors même qu’on ne s’ennuie pas. Tout sonne vrai : les réunions et actions d’Act-Up, les scènes de sexes, les moments de vie, les maladies, si bien que l’on ressent vraiment l’histoire au travers des personnages. On vit les bons moments, mais en contrepartie, on doit subir les mauvais. Comme eux, qui doivent continuer à vivre avec le virus, nous n’avons pas le choix. C’est sûrement la grande force du film. Cette vision sans filtre du sida et de la lutte contre la maladie facilite la prise de conscience de la nécessité de ne pas rester indifférent et désinvolte face à ce fléau.
Le très bon travail de Robin Campillo permet de magnifier tout cela, avec de nombreuses scènes très fortes, en raison soit de leur symbolique, soit des émotions qu’elles dégagent. Les acteurs sont justes, la BO efficace et même la lenteur qu’on pourrait reprocher au film se justifie, créant un sentiment d’impuissance pour les personnages comme pour les spectateurs. Les vingt dernières minutes, très dures, ainsi qu’un générique de fin particulièrement assommant viennent clore avec justesse cette expérience très singulière.