Silence palpable hier soir dans la salle après la projection, et donc oui, un film qu'il faut absolument voir et qui n'est pas que le film-événement annoncé. Bouleversant pour plein de raisons : à chaque époque, sa fureur de vivre, une question de politique et de société sans cesse renouvelée...
Le film de Campillo, c'est le huis clos de l'urgence, de la lutte contre l'indifférence, du sexe éperdu jusque dans l'agonie et de l'amour jusqu'au bout dans ces premières années où déferlent en France l'épidémie de VIH et la House music from Chicago : 120bpm heart pulses and nightclubbing pour une transe cathartique. Mes années de jeune adulte, de provinciale en virées parisiennes, mes rave des capitales : tout m'est revenu de cette jeunesse qui n'était pas insouciante, les affiches et les flyers d'Act up, l'Obélisque dans sa capote, le petit triangle rose, Act up à la Gay pride (on en a fait quelques-unes, hein, les amis ?), celle de 93 ; je me souviens des visages ensanglantés et des actions coups de poing à la télé, enfin, je me sentais très concernée. J'écris comme dans Libé. Comme l'a dit Campillo, Act up s'est dès le début vêtu de fiction et de romanesque. C'est l'action militante des causes désespérées, le drama théâtral, parce que le théâtre, c'est la scène de la vie quand elle s'expose et se défend dans ce qu'elle a de plus essentiel, de plus évident. Campillo a l'épure qu'il faut dans l'écriture et la mise en scène. Eros et Thanatos réunis, la pensée intime et la parole démocratique, la communauté et Nathan et Sean, magnifiques. Tout commence dans un amphithéâtre, avec des hommes (et des femmes) qui pour se faire voir et entendre portent des cothurnes. Superbe BO signée Arnaud Rebotini avec un remix de Smalltown boy qui fout le frisson.