Plus qu'un film, Robin Campillo signe une expérience humaine. La salle s'est tue devant la beauté et le tragique du combat qui nous est donné à voir, et la fin, véritable apothéose de l'émotion pure, ne laisse pas indifférent. Toute la salle en a été remuée : certains maintiennent un silence respectueux proche du souffle coupé, certains tentent de renifler discrètement, ceux qui grignotaient s'arrêtent, les couples se tiennent la main nerveusement et d'autres encore (parmi lesquels je me compte) sont les éplorés honteux de service. La souffrance portée à l'écran en fin de film nous réduit au mutisme le plus complet, et le film le sait déjà : le générique est silencieux ! Qui osera rompre le silence de mort (à juste titre, malheureusement) qui plane après le calvaire auquel on assiste ? Si les images ne sont pas dures en soit (pas de violence gratuite, et les scènes d'amour sont moins du voyeurisme que des déclarations à la liberté d'aimer qui l'on veut), le fond fait réfléchir, sensibilise, rend responsable. Lauréat du Grand Prix de Cannes, puis plus tard des Césars 2018 (dont meilleur film, meilleur scénario, meilleur montage, les prix pour les acteurs...), on ne peut que constater que, pour une fois (soyons beau joueur) : on est d'accord. Une ode à la liberté d'aimer, dont la fin dramatique ébranlera les plus téméraires... Un silence respectueux s'impose de lui-même.