Redouté de tous à partir du milieu des années 90, le sida était avant cela méconnu, assimilé par le grand public à une forme de cancer gay. A l'époque, des associations telles qu'Act Up-Paris tentent de sensibiliser l'opinion publique, pour inciter le gouvernement à davantage de prévention et de solutions.
"120 battements par minute" est certes un film sur le militantisme et le fonctionnement de ce type d'association, adepte des coups d'éclats et autre actions plus ou moins violentes. Mais il s'agit surtout d'un prétexte pour évoquer la communauté frappée par la maladie, principalement gaie à l'époque. S'il on n'échappe pas aux scènes montrant des malades souffrir à l'hôpital et/ou être stigmatisés, on s'attarde principalement ses ces profils de jeunes adultes, sachant leur temps comptés à coups de diminution de taux de T4. Plutôt que de simplement profiter de leurs dernières années (voire mois) de vie, ils font de leur maladie le sens de leur existence, et préfèrent se consumer à travers l'action militante.
Ce qui donne lieu à quelques scènes intenses, où ressort la colère de ces jeunes privés d'avenir, et montées de manière intéressantes. A l'image de cette introduction, montrant un coup d'éclat ("zap") vu progressivement de ses différentes protagonistes. Robin Campillo n'est d'ailleurs pas avare d'une certaine audace, avec notamment quelques scènes de sexe gaies explicites, chose encore relativement peu courant dans le cinéma mainstream.
Le film offre aussi une jolie histoire d'amour maudite entre deux jeunes hommes, ce qui est l'occasion pour Nahuel Pérez Biscayart de livrer une prestation touchante et enflammée. Entre ce film et "Au revoir là-haut", l'acteur était gâté à l'époque !
Ironie de l'histoire, le succès critique du film donnera un grand coup de projecteur sur Act Up-Paris. Mais la vague de nouveaux arrivants contraindra la direction de l'association à démissionner en 2018 !