L'inénarrable Dany Boyle a encore frappé et son nouveau film fera le buzz. Après le médiocre et scandaleusement récompensé Slumdog Millionaire (on recompte encore les votes floridiens pour les Oscars), le réalisateur adapte ici le livre d'Aron Ralston, célèbre pour être resté 127 heures bloqué le bras coincé par un rocher dans le Grand Canyon. On assiste dès lors à un film atypique où James Franco tente seul de se dépêtrer de ce piège naturel sans pour autant arriver à une solution satisfaisante.

La force de Boyle, ce qui lui permet de réussir son film là où Buried de Rodrigo Cortés qui possédait un scénario similaire avait échoué, c'est qu'il ne se limite pas à l'exercice de style. Si la performance de James Franco force le respect à défaut de complètement convaincre, Boyle réussit à rendre passionnant cette solitude sans avoir recours à des péripéties multiples de type thriller mais en mettant l'accent sur la solitude et l'introspection de son protagoniste. Lorsqu'il filme au plus près de son personnage et de la nature environnante, Dany Boyle arrive à nous charmer, disposant d'un véritable œil sans pour autant imposer sa force. Malheureusement le maitre des artifices inutiles ne se limite pas à ces seules scènes et ne peut s'empêcher de partir dans un nostalgisme de mauvais aloi qui s'il peut charmer au début (sex on the snow par exemple) devient très vite irritant par un recours systématique au split screen notamment qui court-circuite certaines scènes géniales (le monologue radiophonique de James Franco).


Je ne tomberai dans le piège du spoiler mais pendant un dizaine de minutes, Boyle et Franco touchent au génie : matérialiser de manière incroyable la douleur rendue insupportable pour le spectateur comme elle l'est pour le héros. Faut-il pour autant réévaluer Boyle ? Si ce film laisse un véritable espoir sur le talent sans conteste du réalisateur, sa passion pour les tics cinématographique continue d'irriter d'autant que son film aurait tout eu à gagner de s'en passer. Quand on voit la trajectoire de Darren Aronofsky (du maniéré Requiem for a Dream au chef d'œuvre Black Swan), on ne peut que garder espoir que Dany Boyle pourra un jour épurer son cinéma, pour que l'émotion en sorte grandie. On attendra donc encore pour son chef d'œuvre.

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le 3 févr. 2011

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