Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais actuellement les distributeurs français ont vu les choses en grand pour sortir coup sur coup tous les grands favoris aux Oscars, dont ce « 12 Years a Slave » est l'un des plus sérieux prétendants. Et on peut le comprendre tant celui-ci va probablement rester comme l'un des événements de l'année, réussissant l'osmose toujours très complexe entre cinéma populaire et d'auteur. C'est là où on se rend compte d'ailleurs que le sujet n'a pas été si souvent traité, et encore moins avec autant de force et de brutalité. Rien d'édulcoré ici, juste une violence parfois indescriptible pour illustrer le cauchemar au quotidien de ces hommes et femmes souvent persécutés de façon inhumaine, renforcé par la science de l'ellipse du réalisateur, ne se contentant jamais d'un pauvre plaidoyer dans lequel il aurait été facile de tomber.
Au contraire, on a droit à des personnages forts, complexes, que l'on intègre à des situations qui le sont tout autant pour mieux en retirer l'essence dramatique, émotionnelle. L'incertitude temporelle constante est ainsi remarquablement rendue, tout comme l'espoir disparaissant peu à peu pour ne réapparaître qu'à de rares instants. Au final, rien de simpliste à travers cette histoire brillamment construite et pouvant s'appuyer sur une mise en scène de premier ordre, le travail sur la lumière étant parfois impressionnant. Bonne interprétation générale, dont se dégage toutefois Michael Fassbender dans ce qui est certainement le rôle le plus marquant de l'œuvre, car le plus inquiétant et torturé. Un grand film, le premier de cette année 2014 qui, on l'espère, saura nous en offrir plusieurs autres.