Peu connu dans la filmographie d'Henry Hathaway, « 14 heures » semble annoncer certains thrillers modernes : on pense surtout à « Dos au mur », mais aussi un peu à « Phone Game », n'ayant pas grand-chose à leur envier niveau efficacité. Même s'il n'est jamais évident de tenir sur une longue durée ce genre de scénario, on ne peut nier l'indéniable savoir-faire du réalisateur de « Peter Ibbetson », aussi bien pour rendre visuellement crédible la situation comme le petit monde qui s'agite autour de la « victime ».
Plutôt bien mené, parfois un peu simpliste, l'œuvre parvient à dresser un panorama assez juste de la nature humaine, entre compatissants sincères et « pragmatiques » voyant les torts que la scène leur cause, malgré quelques protagonistes légèrement rajoutés
(OK, c'est mignon de voir que Grace Kelly a changé d'avis sur son divorce et que le malheureux a permis à Debra Paget et Jeffrey Hunter de se rencontrer, mais cela ne s'intègre pas toujours bien dans le récit principal).
En revanche, malgré une psychanalyse légèrement appuyée, il est intéressant de voir la tournure prise pour expliquer le comportement du héros, évitant avec sensibilité le manichéisme pour en faire un portrait intéressant, renforcé par la présence de son cercle « proche » (père, mère, ancienne fiancée).
Plutôt réussi, également : le dispositif policier pour tenter coûte que coûte d'éviter le drame, aidé dans sa démarche par un psychologue écrit avec un soin rare pour l'époque. Casting solide. Même le dénouement, optant pour
un « happy end » discutable (et que ne souhaitait pas Hathaway),
ne passe pas trop mal grâce à la sobriété qui s'en dégage. Sans être le plus réussi ni le plus prestigieux titre de son auteur, « 14 heures » sait toutefois être suffisamment habile pour créer un suspense efficace et relativement original : à découvrir.