J'ai eu beaucoup de mal à trouver un quelconque intérêt à 1917 et à ne pas m'y ennuyer.
C'est un film d'action - et non un film de guerre car un film de guerre aurait eu quelque chose à dire ou à montrer sur la Première Guerre Mondiale, sur l'année 1917 qui donne le titre (qui aurait pu s'appeler 1915, 1916 ou 1918) - qui emprunte ses codes au jeu vidéo de façon assez plate. Ainsi, le héros traverse des décors différents qui sont autant de "niveaux", croise un certain nombre de personnages qui sont là pour le renseigner sur sa mission et notamment lui donner des indications sur le chemin à emprunter et les obstacles à éviter qu'on retrouvera assez exactement (la première scène est exemplaire de ce point de vue : le lieutenant lui décrit très précisément le champ de bataille avec le cheval, le soldat pris dans les barbelés etc...) et n'existent pas autrement. Et quand le film ménage des moments de pause, c'est de la façon la plus caricaturale qui soit avec l'inévitable rencontre avec une civile apeurée et, évidemment, un bébé, pour tenter d'humaniser le récit. Et comme dans un jeu vidéo, la dimension humaine des personnages est sommaire et le héros, invincible, se relève toujours. Cette dernière caractéristique apparaît d'ailleurs particulièrement grotesque pour un film qui voudrait montrer que la mort guette à chaque coin de rue et qu'elle peut emporter les soldats à tout moment. Or notre héros se fait tirer dessus plusieurs fois à bout portant ou presque, se prend une explosion dans la gueule, traverse un champ de bataille pendant un assaut à la perpendiculaire, se fait emporter dans un cours d'eau puis dans une cascade...bref. Certes le film est "immersif", comme on le lit partout, mais ce choix du plan-séquence m'apparaît en réalité sans intérêt et même lassant à la longue. Le plan-séquence est habituellement utilisé pour prendre une scène dans sa durée, dans sa continuité, pour casser le rythme du montage et permettre au spectateur de s'installer dans la scène et de voir mieux ou plus. Là j'ai l'impression que c'est le contraire qui se passe car comme le plan-séquence est la règle dans ce film, on est rivé au héros et on découvre en même temps que lui le chemin qu'il arpente sans jamais s'arrêter, en étant tout le temps en mouvement. C'est sans doute une belle performance technique mais je trouve que ça n'apporte rien d'un point de vue dramaturgique, que ça ne permet pas d'isoler une scène dans sa continuité pour créer une tension ou autre. D'ailleurs le film va tambour battant et je trouve regrettable qu'il ne cherche pas à plus incarner ses personnages, prendre la mesure de ses décors, là c'est vraiment aller d'un point A à un point B. Je reconnais que, grâce à Deakins, on a le droit à de belles images et quelques moments sont prenants (la traversée du village en feu la nuit) mais je ne comprends pas comment le film peut recueillir autant de suffrages.