Je fais partie du camp de ceux qui émettent un lot de réserves envers ce film. Attention, les informations que je vais évoquer en spoiler ont été mises en avant des milliers de fois auparavant par d'autres personnes, donc désolé pour l'absence totale d'originalité. En outre, je ne mettrai que ce qui m'a choqué le plus. Il est certain qu'il y avait plein d'autres choses à souligner à ce niveau-là.
Alors, faire que la guerre soit le seul antagoniste, d'autant plus horrible par son absurdité et son abstraction... non, c'était trop intelligent, trop intellectuel. Il fallait forcément plonger la tête la première dans le piège débile du manichéisme avec la caricature du méchant nazi... euh pardon du méchant Allemand avec le pilote. Je passe vite fait sur la scène suivante d'agonie, avec photo familiale intégrée, pour essayer de faire dans l'émotion bon marché et de bien montrer que le pilote est un être maléfique. Faire mourir un des deux protagonistes d'une balle venant de nulle part ou lors d'une explosion, non ? Il fallait un méchant incarné dans une personne, OK...
La jeune Juive... euh la jeune Française (ah tiens, il y a des Français en France... pourtant, d'après le reste du film, on ne l'aurait pas dit !), avec un bébé qui n'est pas le sien, venant de nulle part, se planquant des vilains nazis au milieu des ruines (mais bordel, qu'est-ce qu'elle fout là, sérieux ?)... pardon des vilains Allemands qui bouffent des bébés au petit-déjeuner.
Il y a aussi un seau de lait frais qui sort d'on ne sait où. La vache a peut-être réussi à se traire toute seule. Mais point de vue liquide, on va encore plus loin avec le caméo des chutes du Niagara. Ce qui va parfaitement avec la géologie du type de terrain où se passe l'action.
Autrement pour le scénario, le truc du message était largement suffisant pour constituer à lui seul un enjeu essentiel, pas besoin de nous refaire le coup du Soldat Ryan avec le frère.
Bon, globalement, ce n'est pas un mauvais film, mais on est loin de l'œuvre magistrale encensée par de multiples récompenses (merci à Parasite d'avoir évité que l'Académie des Oscars se goure encore !).
La prouesse technique est impressionnante, même si bien sûr, c'est un faux plan-séquence, et même si ce n'est pas véritablement un ensemble constitué d'un seul faux plan-séquence. La photographie est au poil. Visuellement la scène nocturne de la ville en ruine et en feu en fout plein les mirettes, en plus d'instaurer une ambiance fantasmagorique inoubliable. C'est une des deux grandes fulgurances du film.
L'autre, c'est quand les deux jeunes personnages principaux traversent le no man's land, dans la boue, parmi les cadavres pourrissants d'hommes et de chevaux, là, l’atmosphère est aussi étouffante qu'immersive à souhait.
En ce qui concerne les acteurs, ils assurent... enfin, en particulier les vieux de la vieille ultra-confirmés. On a plaisir à croiser Colin Firth, Mark Strong et Benedict Cumberbatch. Ils apparaissent peu, ce qui ne fait que les rendre encore plus puissants et mémorables.
C'est un film qui tient en haleine pendant sa durée de deux heures, mais du fait de ses défauts très gênants, de ses grosses incohérences, Sam Mendes passe, pour moi, à côté de ce qui aurait pu être une véritable réussite. Il y avait du potentiel pour cela. C'est dommage.