Bien avant de réaliser ses grands et traumatiques films sur la Seconde Guerre Mondiale, Steven Spielberg réalisait 1941, son Docteur Folamour à lui (ou son Blues Brothers, c'est selon).
Ou deux heures d'un déluge ininterrompu, drôle mais poussif, donc presque épuisant, de destructions, de gags, de chutes et de cris.
A la manière de Robert Altman, mais sûrement moins finement, il convocait un casting énorme et international dans un film chorale qui étrillait sans demi-mesure tous les symboles d'une Amérique en perte de repères, mais pas de symboles, dans lequel tout le monde en prenait pour son grade : ennemis comme alliés, femmes comme hommes, foyer familial comme Noël comme Coca-Cola, Walt Disney et Hollywood... Et surtout lui-même.
Et c'est bien dans cette auto-parodie (cette inoubliable séquence d'ouverture) que Spielberg prouvait avant même la carrière impressionnante qu'on lui connaît (mais déjà bien assuré par plusieurs réussites commerciales et critiques - ce qui ne fut pas le cas de ce film -) sa maturité d'immense cinéaste.