Et si un jour on me demande quelles sont mes couleurs préférées, je répondrai à coup sûr : celles de
C'aurait été le drame -et encore, le mot est faible- de ma vie de cinéphile de ne pas aimer l'Odyssée de l'espace. Je m'en serais voulu de ne pas apprécier à sa juste valeur celui que j'ai toujours considéré sans même l'avoir vu comme une des plus grandes références en matière de cinéma.
"Objectivité" est le maître mot que je m'efforce de suivre habituellement. Pourtant, ici, je vais utiliser le "je" et autant d'arguments subjectifs qu'il sera nécessaire. Ce film a déjà fait coulé beaucoup d'encre, ce ne sont pas les analyses qui manquent. Aussi je préfère essayer (vainement, certes) d'expliquer pourquoi ce film ne pouvait pas me décevoir...
Je ne suis attirée ni par la science-fiction, ni par l'époque préhistorique et encore moins par tout ce qui concerne l'espace (je ne résume pas le film à ça, bien loin de là, mais mes doutes avant de le voir pouvaient s'expliquer par ces trois craintes). Je n'aime pas quand les choses m'échappent (du moins c'est ce que je croyais). Et beaucoup de musique utilisées dans le film me repoussaient d'être trop célèbres, et me faisaient craindre le pire quand à mon appréciation du film. Alors comment Mr Kubrick a-t-il fait pour me fasciner autant ?
Le film commence dans le noir complet, seule présence alors que la musique nous envahit...
Also sprach Zarathoustra se fait alors entendre, et jamais je n'aurais pu penser que cette musique puisse avoir emplacement si parfait, comme si sa véritable place était en fait dans ce générique. Et sur ces accords envahissants viennent les mots : « 2001 : A space odyssey ».
Nous voilà partis. Et rien ne pourra nous faire revenir.
Nous nous perdons dans les différentes parties de ce voyage hors du commun :
Si la première partie est merveilleuse de par ses paysages, mais aussi et surtout par ses couleurs, la seconde l'est par ses alternances de l'intérieur à l'extérieur du vaisseau, montrant ainsi le ciel de la plus belle des manières. La troisième l'est avec l'apparition de cet incroyable personnage qu'est Hal, et l'opposition entre l'omniprésence d'une respiration saccadée et le silence lourd et pesant qu'est celui de l'espace.
Le tout est d'une beauté envoutante. Les couleurs du ciel : le bleu unique, ni sombre ni clair, comme un pastel des plus beaux calibres, l'orange d'un soleil couchant, intense sans être trop brillant. Ou encore les étoiles et le bleu nuit colorant le vide, enveloppant tantôt un astronaute tantôt un satellite, la musique illustrant parfaitement l'image, et vice versa. L'œil perçant d'Hal, si lumineux et aveuglant de rouge, sa chanson Daisy (ou dans sa version française Au clair de la lune)...
Et si on pensait ne pas pouvoir être surpris davantage, le spectre de couleurs final est simplement indescriptible d'être si merveilleux, chacune d'entre elles étant plus belle que la précédente.
Un film plus qu'hypnotique, une expérience à couper le souffle. On en sort en état de transe, en s'étonnant que deux heures et demi soient déjà derrière nous...
Je n'ai pas cherché à comprendre L'Odyssée. L'intérêt est bien de comprendre ce que l'on souhaite, ou de choisir de ne pas comprendre. J'ai fait le choix (provisoire) de ne chercher aucune réponse. C'est en cela que cette expérience est accessible à tous. A quiconque voudra bien se laisser emporter. Il est compréhensible d'avoir des difficultés ou des réticences à accrocher à L'Odyssée de l'espace, mais il suffit de bien vouloir lâcher prise, de se laisser happer par chaque image, éblouir par ce tourbillon multicolore...Et apprécier ce chef d'œuvre.