Je ne sais même pas par quoi commencer tant ce film m'a conquise par sa perfection, sa profondeur, sa poésie, son charme absolu.
Un véritable coup de foudre.
Il est d'ailleurs question d'orages dans cette oeuvre, de ceux qui éblouissent, réconcilient avec la colère intérieure, le désir en flammes.
Tout homme qui souhaite se renseigner sur les (ô combien complexes) méandres du désir féminin DOIT voir ce film et appréhender les deux pôles fantastiques qui la tissent (et tissent toute femme, symboles de la tête et du corps) : Karin Viard, fabuleusement comique en nymphomane assumée, hédoniste au langage cru, allergique à l'amour à la sensualité explosive; et Isabelle Carré, prude et prudente, à la recherche de son désir, sans doute à cet instant plus mère que femme et qui cherche à écouter son corps, à reconquérir le sens du frisson.
Toutes deux se rencontrent dans un havre de paix et de beauté (je mets au défi quiconque de ne pas tomber en amour, que dis-je, en pâmoison, devant ces vieilles pierres infusées de l'amour de vivre, qui transpirent le bonheur et la convivialité) qui sera l'écrin révélateur des intimités cachées.
21 nuits avec Pattie n'hésite pas à draguer du côté du surnaturel, de façon très tendre et très belle : à l'instar des contes, on retrouve les fantômes qui nous hantent, la forêt mystique toujours aussi symbolique (les plans nocturnes illuminés par la foudre, avec Isabelle Carré en chemisier blanc déboutonné...), la chair fraîche dans laquelle on souhaite mordre et s'abîmer....
Il est question aussi de littérature (comment ne pas aimer un film qui fait apparaître et entendre Le Clézio ?), de la littérature qu'on fait de sa vie, du poids du langage - des mots et des corps - de l'héritage moral et sentimental de nos parents, des deuils incontournables qu'il faut faire pour avancer et comprendre. Le tout est une ode au lâcher prise, un glorieux chant d'amour à la nature, à la sensualité et à la simplicité fraternelle des bals à la campagne : un pur moment de paix d'une singularité sans pareille, une comédie solaire qui n'exclut ni la profondeur ni la légèreté.
La bande-originale est également extrêmement soignée, la lumière est extraordinaire (certains points de vue en altitude m'ont bouleversée), j'ai pensé à certains moments à la noirceur d'un Trier mais aussi à la candeur d'un Bruno Podalydès. Rien n'est à jeter dans ces 1h55 de pur plaisir sensoriel et intellectuel.
En un mot comme en cent : foncez. Ce film des frères Larrieu est un véritable chef-d'oeuvre.