Certains films semblent cocher tous les critères de la bête de festival ultra indépendant dans de qu’il a de plus cliché. Et quand on voit que celui-ci s’est illustré à Sundance, on n’est pas surpris. On découvre ainsi une image granuleuse et un format carré, le fait que ce soit un premier film de la part de son réalisateur et donc une découverte, que l’histoire est en partie autobiographique et a été vécue par Vuk Lungulov-Klotz (une personne trans venue de Porto Rico), que les acteurs sont inconnus et viennent du sérail indépendant également, qu’on parle de transidentité sans langue de bois ni cliché et enfin qu’on sent bien que le budget fut microscopique. Tous ces codes propres à un certain cinéma d’auteur américain sont là, rendant même ce « Mutt » (titre original du film) proche de la caricature d’un tel cinéma. Mais il n’y sombre jamais, ce long-métrage d’apparence insignifiante sur certains points transcende cet aspect par le biais de toutes ces autres qualités et parce que, sans crier gare et dès ses premières séquences, il nous hypnotise de la bonne manière. Dès qu’on fait la connaissance de Feńa, jeune femme ayant commencé sa transition pour devenir un homme, on ne le lâche plus. Un personnage attachant, vrai, qui va nous faire concevoir la cause trans d’une autre manière et détruire avec simplicité pas mal de préjugés et d’idées reçues sur le sujet. Rien que pour cela, « 24 heures à New York » est fort et réussi et va au-delà de ce qu’on aurait pensé à première vue.
Ce premier long-métrage fauché mais plein de bonnes et belles intentions détient également un étrange paradoxe en son sein : il est extrêmement court (une heure et vingt minutes) et semble étrangement bien plus long mais sans pour autant être ennuyant ou paraître trop étiré. Comme si le temps était en apesanteur et distordu mais avec notre aval, tant on est envoûté par ces 24 heures aux côtés de Feńa. Sur cette journée qui devait être banale, notre personnage principal va devoir gérer l’arrivée de son père qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années, la fugue de sa petite sœur qui veut mieux le connaître et le retour de son ex avec qui leur relation ne s’est pas terminée de la meilleure des façons. Sur ce canevas simple, d’errance et de rencontres dans un New York filmé loin de tous les standards, de manière brute (et vraie comme jamais), le film tisse sa petite rengaine et nous embarque au gré de ses différents duos. Les dialogues sont forts et permettent d’investir pas mal de sujets sur la transidentité avec tact et beaucoup d’empathie. « 24 heures à New York » est un film doux et délicat sur un sujet complexe et il sonne juste par chaque pore de la pellicule. C’est une petite pépite, aussi belle qu’underground. Une œuvre minuscule de prime abord mais qui vous hante et a tout des plus grands grâce également à la puissance de jeu de ses interprètes inconnus.
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