Du cinéma d'auteur bobo qui pourrait décourager un spectateur plein d' apriori.
Côté fond : Trentenaires un brin dépressifs, ne mettant leurs longues études d'art au profit d'aucun projet professionnel construit, galérant avec les responsabilités et ramant pour construire l'amour.
Côté forme : drastique économie de moyen, textes très écrits, mise en scène aux allures de film de fin d'étude à la FEMIS, option montage, et ton décalé.
Et c'est pourtant cet ensemble qui fait de 2 Automnes 3 Hivers une petite merveille.
Ne racontant rien, rien qu'une tranche de vie (un peu plus de deux ans, comme l'indique le titre), errant entre problèmes familiaux et sentimentaux, de la difficulté de s'assumer adulte, à celle de construire un couple après des souffrances passées, de l'influence de l'art sur la vie, en passant par l'amitié entre deux copains de longues date qui s'éloignent, se rapprochent, s'éloignent pour une femme, puis se retrouvent.
Le film, d'une grande fraîcheur, se permet un ton parfois absurde fait de ces petits riens qui font tout, des scènes d'une douceur et d'une gratuité rares, un ton désinvolte et nonchalant, entre le théâtre et le documentaire, et accumule, grâce à son manque de moyen, de vraies trouvailles visuelles.
La réussite revient tout particulièrement aux acteurs, à ce trio remarquable (Macaigne, Wyler et Bouillon) qui donne une âme et une vitalité impressionnante au texte littéraire et finement écrit, précis, de Sébastien Betbeder.
Unique en son genre et si représentatif d'une certaine vague de cinéma français, ce petit film de rien du tout nous emmène pourtant plus loin qu'on ne l'aurait espéré, et on se surprend à s'émerveiller devant des scènes de toute beauté, à l'image d'un film à fleur de peau.
C'est juste.