Pendant que je t'aimais...
... Il est trop tard
www.youtube.com/watch?v=p6ZUYuXBBgQ
Ce long métrage est le troisième de son réalisateur. Je n'ai pas vu les deux premiers mais vu ce que m'a fait ressentir celui-là, je vais essayer de les visionner rapidement. Pour le moins, j'irai voir son prochain en salle.
Le cadre carré (1.33) comme au début du cinéma et ses plans serrés sur les comédiens montrent l'attention qui est portée aux personnages et à leurs troubles, leurs états d'âme.
Il ausculte leurs sentiments, leurs émotions avec une envie de les rendre universelles.
Il dissèque ce que peut être la construction d'un couple, d'une histoire d'amour.
D'ailleurs les personnages s'expriment régulièrement et conversent avec le spectateur face caméra dans des monologues complices et en font une chronique intimiste.
Ici, nous croisons Arman, 33 ans, artiste bohème, interprété par le jeune acteur très à la mode, Vincent Macaigne fabuleux clown triste. Il donne corps avec tout le talent qu'on lui connait à cet adulescent paumé, qui ne sait pas très bien où il va. Ce prénom désuet pour un personnage moderne renforce le côté littéraire de l'oeuvre qui se trouve même chapitrée.
Littéraire ET cinéphile car il cite explicitement et à bon escient les démarches de Bresson, Alain Tanner, Eugène Green mais aussi Judd Apatow.
Un matin, il rentre dans Amélie, une femme de six ans plus jeune. Tous les deux nous racontent leur histoire...
Leur naturel, leur façon d'exprimer le doute, leur faculté à rendre le quotidien cocasse... tout est réuni pour réussir une comédie romantique nouveau genre.
Attention rien de péjoratif dans ces termes : nous restons à cent lieues se toute mièvreire et rien n'est rose bonbon sucré.
Cerise sur la gâteau, Pauline Etienne nous offre sa présence le temps de quelques scènes de télépathie. Elle incarne la soeur de Sébastien, le meilleur ami d'Arman, victime d'un AVC.
Ici aucune franche rigolade mais un subtil équilibre entre sourire sincère et complice et des passages plus graves. Le film oscille donc avec succès entre légèreté et nostalgie.
Etude sur le pasage du temps, il montre combien il est important de prendre soin des gens qui comptent, ses amis, ses amours, et de ne pas les oublier sous peine de les perdre, qu'une relation entre deux êtres est très fragile et ne tient qu'à un fil.
On peut lui reprocher le côté artificiel de certains procédés, les références, mais ce serait bouder son plaisir.
Cette ôde à la vie, à l'amitié et à l'amour, est d'une rare inventivité. Elle souffle comme un vent frais sur le cinéma français en faisant un pont entre la nouvelle vague et Woody Allen.
Comment ça c'est impossible ? Que ce soit produit par "UFO" distribution ne s'invente pas !