Pour qui aime les comédies romantiques, en voici une qui, à défaut d’être originale, est parfaitement interprétée. Hans Weingartner a dit avoir mis beaucoup de temps à trouver ses interprètes, mais il a eu le nez creux.
Soit Jule, jeune femme allemande au regard triste mais franc, sorte de Mélanie Laurent d’outre-Rhin, en quête de retrouver son compagnon exilé au Portugal, père de l’enfant qu’elle porte depuis peu dans son ventre. Va-t-elle le garder ou non ? C’est toute la question. Et puis il y a Jan, étudiant désargenté en quête, lui, d’un père biologique qu’il n’a encore jamais vu et qui vit en Espagne. Il a besoin d’un chauffeur pour le retrouver, ce sera Jule et son fameux 303, un camping-car qui a déjà quelques kilomètres au compteur mais qui tient encore bien la route. Au cours du trajet, Jan et Jule vont deviser sur des sujets aussi divers que le suicide, la politique, le sexe ou l’amour. L’amour justement, c’est ce qui va s’immiscer progressivement dans la relation entre ces deux jeunes allemands. Et si 303 réussit à atteindre la justesse souhaitée par son réalisateur, s’il parvient à émouvoir, c’est qu’il laisse le temps au sentiment amoureux de faire lentement son nid. Au final, même si l’on frôle parfois le catalogue des théories sur la question, ces deux heures de marivaudages – mais aussi de silences – passent très vite. Longtemps après visionnage, le souvenir de Jule et Jan, personnages devenus étrangement familiers, nous fait bien pressentir ce que Rilke reliait à l’éternité : « avoir du temps pour l’amour ».