Un des meilleurs polars français jamais produit et puis c'est tout, quoi. Je n'ai même pas d'arguments en fait, que du ressenti.
Mais pas du pathos, ce n'est pas un film larmoyant et mielleux, encore moins manichéen et binaire avec comme souvent les gentils flics d'un côté et les vilains voyous de l'autre, non.
L'humanité est présente dans chaque protagoniste, ni foncièrement mauvais ou bons (à part les braqueurs, mais j'imagine que dans la vraie vie, ils n'offrent pas des bonbons à leurs victimes...), juste plus ou moins enclins à passer d'un côté ou l'autre de la barrière (déontologique comme morale) selon les circonstances.
Et ça, Olivier Marchal, ancien flic, l'illustre parfaitement bien. Dur, froid, violent, sans héroïsme ni bravoure, on assiste à la lente et inexorable descente aux enfers d'un homme (Vrinks) piégé par l'appel du grade et la montée odieuse et complètement amorale d'un autre (Klein), prêt à tout pour assouvir sa soif de pouvoir.
On sent bien que dans chaque personnage, sous leur apparente solidité, les fissures se creusent. Et c'est en ça que ce film est touchant, parce qu'il concentre toutes ces failles qui font de chacun quelqu'un de terriblement humain; piégé dans les méandres d'une hiérarchie psychorigide et monolithique, face à des hauts fonctionnaires désabusés et aigris, comme si dans chaque meurtre, chaque attaque de fourgon, une partie de chaque personnage s'évaporait pour laisser place à un vide existentiel que seuls une femme, une fille, un ami, une équipe ou le pur pouvoir peuvent encore combler.
J'enlève une étoile pour la musique, souvent magnifique, mais un peu trop soutenue dans des scènes où elle n'était pas indispensable.
Et puis peut-être aussi, histoire de chipoter, pour quelques effets stylistiques pas indispensables non plus.
Mais bon, étant donnée la maîtrise évidente de la mise en scène, de la direction d'acteurs (tous parfaits, de toutes façons), du scénario et de l'ambiance générale, c'est vraiment du détail.