Le film "38 témoins" de Lucas Belvaux s'inspire de l'affaire notoire du meurtre de Kitty Genovese dans les années 60 aux Etats-Unis.
Kitty Genovese fut suivie et poignardée à plusieurs reprises vers 3 heures du matin, jusqu'à sa mort, dans la rue sous les yeux de ses voisins sans qu'aucun ne lui vienne en aide ou n'appelle la police.
Cette affaire perturbante me fascine énormément. Elle a inspiré de nombreuses recherches en psychologie sociale qui décrivent désormais "l'effet du témoin" (bystander effect), ou la diffusion de la responsabilité. En quelques mots : lorsque quelqu'un est témoin d'un drame parmi de nombreux autres témoins, il aurait moins tendance à secourir la personne en danger. On l'explique en parlant d'un sentiment de déresponsabilisation ou parce qu'on peut penser que quelqu'un d'autre est déjà venu en aide. On peut aussi avoir peur d'en faire trop ! Donc difficile de jeter l'opprobre sur ces 38 témoins ! Il y a de grandes chances pour que nous ayons agi de la même manière : en fermant les volets et en allant se recoucher.
Cet évènement tragique se suffisait, selon moi, à lui seul. Lucas Belvaux lui aura choisi un autre destin, celui d'être relaté avec une pseudo-romance. Ici et là l'avenir d'un couple raconté après le meurtre à raison de "je t'aime", "tu m'as menti" et "je te quitte"... Ni bouleversant ni intéressant. Les acteurs ont peu de crédibilité, et ça rend l'affaire un peu pathétique parce que contée avec trop de fioritures.
Malgré cela, j'ai trouvé assez intelligent de le filmer au Havre dans les immeubles bétonnés du Perret. Ambiance glacée assurée là où le nombre de fenêtres donnant sur la scène est subjuguant.