Rob Zombie est un réalisateur pour lequel j'ai beaucoup d'affection. Même si la plupart de ses films souffrent de gros défauts, je ne peux m'empêcher de les apprécier. Parce que quoi qu'on en dise, ils fourmillent d'idées. Passant de l'horreur bariolée de La Maison des Mille Morts au dessin-animé trash de El Superbeasto ou à l'atmosphère trippante de Lords of Salem, le bougre s'est créé une filmographie intéressante où chaque film mérite le coup d'œil. Mais si on ne devait garder qu'un seul film, ce serait évidemment The Devil's Rejects. Road-movie aux dialogues hilarants, à la bande-son géniale, aux scènes de tortures immondes, dont la plus grande réussite est d'avoir rendu des psychopathes attachants, The Devil's Rejects, c'est le chef-d'oeuvre de Zombie.
Donc, lorsqu'une suite fût annoncée, il n'est sans dire que j'étais hypé. Néanmoins, j'avais aussi mes doutes: Comment égaler la réussite du précédant opus, surtout après cette fin laissant peu de possibilité à une suite ? Hélas, nous ne connaitrons jamais la réponse car le 3 From Hell de Rob Zombie n'existe pas et n'existera jamais.
En effet, quelque semaines à peine avant le début du tournage, Sid Haig, interprète du Capitaine Spaulding, est tombé gravement malade (il est d'ailleurs décédé il y a peu). Rob Zombie a dû alors réécrire en vitesse le script, remplaçant Spaulding par un nouveau venu, Foxy, demi-frère de Baby et Otis. Spaulding, quant à lui, n'a droit qu'à une petite scène, Sid Haig voulant absolument jouer une dernière fois le personnage. Dès lors, il est difficile de critiquer à sa juste valeur 3 From Hell, celui-ci n'ayant pas pu atteindre son plein potentiel à cause d'un malheureux concours de circonstances. C'est pourtant ce que je vais essayer de faire.
3 From Hell raconte comment les trois "rebuts du diable" ont survécu à leur ultime fusillade, et comment ils vont se retrouver, chacun devant s'échapper de la prison où il est détenu. Le film est divisé en trois parties. La première nous raconte la situation des Rejects au travers d'extraits de journaux et d'émissions télévisées. C'est clairement la moins bonne partie du film. A cause du remplacement de Sid Haig, on sent que Zombie doit introduire et modifier de nombreuses scènes dès le départ, rendant cette première partie bancale, et au rythme bizarre. On appréciera quand même la dernière scène de Spaulding.
La seconde partie nous raconte l'évasion d'un personnage ainsi qu'une scène de home invasion faisant fortement penser à celle du motel dans The Devil's Rejects. C'est d'ailleurs l'un des plus gros défauts de ce film: les trop grosses ressemblances avec son aîné. Celles-ci ne sont jamais flagrantes, mais elles sont là, comme si Zombie essayait juste de refaire ce qui a déjà marché. Après, force est de constater que les scènes de violences sont toujours aussi jouissives et les dialogues sont toujours drôles (mention spéciale à Foxy qui joue avec les cendres d'une défunte). En plus de cela, l'exploit d'humaniser ces personnages est rapidement réitéré dans cet opus.
On a de nouveau le droit à des scènes assez touchantes entre les Rejects.
Enfin, arrive la troisième et meilleure partie, celle se déroulant à Mexico. Ici, la réalisation respire, les décors sont neufs, et quand l'action démarre, elle propose des visions complètements folles (Baby tuant des catcheurs mexicains avec un arc). En plus de nos protagonistes, les nouveaux personnages deviennent attachants, comme le nain ou les prostituées. Quant à la fin, sans égaler celle de The Devil's Rejects, arrive quand même à transformer nos "héros" en véritables icônes.
Finalement, que nous reste-t-il de 3 From Hell ? Un film bancal, bâtard, ayant du mal à exister au-delà du précédant film, mais arrivant tout de même à recréer le rythme, la dynamique et la folie qu'on aime tant chez les films de Zombie.
3 From Hell, c'est comme le chien à trois pattes qu'on peut apercevoir durant le film: un être amputé, qui aurait pu se laisser mourir mais qui a décidé de continuer à vivre, malgré tout.