Voilà une œuvre de propagande anti-nazie originale pour son époque. Car si en 1941, il n'est pas étonnant de voir un film britannique montrer d'infâmes nazis affronter des anglophones, et exhorter les Américains (alors neutres) à prendre part au conflit, il est plutôt étonnant que les Nazis en soient les protagonistes !
En effet, on s'intéresse à des survivants d'un équipage de U-Boot, coulé près des côtes canadiennes. Ceux-ci vont alors traverser le pays, espérant traverser la frontière américaine, constituée par le 49ème parallèle. Et ils vont faire de nombreuses rencontres... On y retrouve l'idée véhiculée que la guerre est mondiale, et que même ceux qui se terrent au fin fond du Canada, se croyant à l'abri du conflit, peuvent se retrouver face à face à l'ennemi.
L'idée de réaliser un film se déroulant au Canada est également originale, permettant de jouer sur les grandes étendues naturelles et le contexte local. Mais il faut bien dire que ce n'est pas toujours réussi, à l'image d'un Laurence Olivier qui en fait des tonnes en trappeur francophone. De même, les Allemands sont dépeints de manière très caricaturale. Outre le fait qu'ils s'expriment toujours en anglais, ils apparaissent systématiquement comme d'infecte nazis jusqu'au bout des ongles, n'hésitant pas à abattre des civils désarmés dans le dos (alors que la Kriegsmarine était connue pour ne pas être un repère de fanatiques) ! Mais cela est inhérent à la propagande de l'époque.
Toutefois, les acteurs sont globalement convaincants, et la mise en scène de Michael Powell suffisamment relevée pour retenir notre attention sur ces 2h.