Après quelques productions intéressantes, revoici Shinkai, qui sans surprise, bâtit une nouvelle fois son histoire autour de la séparation et de la solitude. Des thématiques qui lui sont chères, mais qui l'avaient handicapé avec des écritures trop complexes ou des fautes de goût, mais cette fois ci il va au plus simple, plaçant son histoire à notre époque, à la fois dans Tokyo et les zones rurales, délaissant les mechas et autres inventions fantaisistes afin de mieux se concentrer sur l'histoire elle-même. Dès l'ouverture les plans en jettent, une rue, des pétales de fleurs qui tombent comme de la neige, un couloir de lycée avec une lointaine lumière, l'auteur veut s'affirmer et montrer tout de suite chez qui on est. Il aime les lumières de Tokyo, artificielles ou non, que ça soit celle d'une flamme ou d'un voyant de distributeur de boisson, montrant encore une nouvelle fois le soucis du détail qu'on lui connaît. Il pousse même le vice jusqu'à donner à un intérieur de train un réalisme rarement atteint, avec certaines textures d'une finesse les rendant presque palpables.
Il aime aussi les chutes d'objets, c'est pour cela qu'il enchaînera automne et printemps, lui permettant de faire tomber pétales de fleurs de cerisiers, à cinq centimètres par seconde, puis flocons de neige, sous tous les angles, tous les focus, et toutes les vitesses possibles, réussissant à donner un côté rural à Tokyo, qui passe de mélancolique avant la séparation à froid ensuite. Le personnage se permet même de faire revivre le printemps à nos protagonistes, qui une fois réunis, revivent l'automne sous les flocons d'hiver. Une vraie féerie visuelle, mais si cet aspect est grandement réussit, son histoire elle-même a tout pour diviser le public. Shinkai s'immisce dans les journaux intimes de deux enfants qui deviennent ados puis adultes, et forcément, ce genre de sujet aura tendance à en rebuter plus d'un.
Bref, 5cm per second vient une nouvelle fois prouver que Shinkai sait manier son sujet, et son côté fleur bleue nous donnera le sentiment d'être absorbé dans un gros chamallow, bien que tout le monde n'y soit pas réceptif.
Après The voices of a distant star et La Tour au-delà des nuages, l'auteur nous montre qu'il a appris de ses erreurs, et réussit enfin à nous faire partager ses émotions, sans que rien ne vienne l'entacher (si ce n'est certains effets lumineux un peu too-much, renvoyant d'ailleurs à ceux de La tour au-delà des nuages).
Pour conclure, les amateurs de dramas auront un produit de qualité livrant de multiples facettes, allant de la tristesse de l'enfant jusqu'à la nostalgie du jeune adulte, évitant le côté fataliste de bon nombre de productions du genre. A l'inverse, si le genre ne fait pas partie de vos favoris, regardez autre chose, à moins de n'avoir uniquement envie d'en admirer les décors.
Mention spéciale pour le générique, placé délibérément à la fin, et rythmé par l'un des slows les plus vendus au Japon, One More Time, One More Chance de Masayoshi Yamazaki. Shinkai voulait avec ce choix finir sur la note la plus romantique qui soit, et à laquelle aucun nippon n'aura pu être insensible. Cela vient d'ailleurs clôturer l'ensemble avec une touche d'espoir, de joie de vivre, tranchant littéralement avec les précédentes créations de l'auteur, et tendant à faire penser qu'il a abandonné une époque d'incertitude et de peur, et avance d'un pas confiant vers l'avenir, avec un regard bien moins fataliste et cynique.
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