Au désespoir de mes garçons, j’aime bien ce gars. Makoto Shinkai est le cinéaste des amours enfantines, des rencontres inabouties, des souvenirs douloureux. Le poète abuse d’admirables scènes contemplatives, la pluie lourde, la neige silencieuse, la lente chute des fleurs de cerisiers - les fameux cinq centimètres par seconde -, le vent jouant dans les champs de céréales… des séquences qu’il ponctue de surprenants et hyperréalistes gros plans sur des objets du quotidien nippon, une machine à café, un strapontin, des aiguillages, des feux de signalisation, une chaise… Il joue des reflets sur la machine, sur l’eau de ruissellement ou la vitre du wagon. Makoto aime les trains, nous suivrons son héros dans une longue errance ferroviaire contrariée par une tempête de neige, un bonheur graphique. Il aime Tokyo, qu’il vide de ses habitants, pour ne conserver que les cerisiers en fleurs et les jeux de lumière.
Rassurez-vous, Makoto développe une histoire, certes ténue, mais si triste. Nous suivrons le jeune Takaki Tono, d’abord au collège, puis au lycée, enfin dans la vie active. Il se lie d’amitié avec Akari qui, comme lui, est petite pour son âge, timide et solitaire. Hélas, leurs parents déménagent, ils resteront, un temps, en contact par téléphone filaire ; internet et cellulaires n’étant pas encore à l’ordre du jour. Il parviendra, au terme de son odyssée ferrée, à la retrouver une nuit. Intuitivement, ils devinent que leurs chemins vont irrémédiablement diverger. Au lycée, nous suivons la douce et amoureuse Kanae qui prend conscience que Tanaki ne la voit pas, il semble perdu dans les étoiles et dans ses SMS, le portable a été inventé. Des messages qu’il n’envoie pas, que s’est-il passé ? Pourquoi a-t-il rompu le contact avec Akari, nous n’en serons rien, sinon que le temps et l’espace séparent les amoureux. Nous le retrouvons dans la dernière partie, toujours aussi mutique. Akari est fiancée à un autre. Elle n’a pas oublié Takani, mais l’associe à un amour d’enfance perdu. Ils se croisent, mais un train, encore un, les sépare. Akari est déjà repartie, elle a refait sa vie. Blessé, Takani démissionne, son existence se fait chaotique… Va-t-il répondre à l’appel de la voie lactée féérique et s’engager dans la NASA locale… Masayoshi Yamazaki clôt le film de sa très belle et très nostalgique ballade One more time, One more chance.
Takani ! La vie est belle.
Le vent se lève, il faut tenter de vivre !