Faites quelques étirements, délestez votre cafetière d'une tasse de café bien corsé et cramponnez vous solidement à votre fauteuil. Prévoyez de libérer plusieurs heures de votre temps libre car un seul visionnage de ce film risque de ne pas être suffisant à son assimilation complète, tant le scénario est complexe et l'action vous saute à la figure à vous en faire perdre le fil ...
Il y a des titres qui mentent ("Pulp Fiction" ne parle pas de jus d'orange, "Pacific Rim" n'est pas un documentaire sur le gangsta rap West Coast et "Bruce tout puissant" n'est pas un biopic sur un grand maître d'art martial) et d'autres qui, eux, ne mentent pas. 5 centimètres par seconde fait incontestablement partie de ceux-là, alors n'attendez pas de lui qu'il vous prenne au tripes ou qu'il vous bouleverse d'une quelque manière que ce soit. 5 centimètres par seconde, ce n'est pas non plus l'archétype du film d'animation Japonais tout public bercé par le fantastique. 5 centimètres par seconde c'est ... Comment dire ? Le rejeton qu'aurait eu Nicolas Winding Refn s'il s'était accouplé avec la bobine d'un film d'Hayao Miyazaki.
L'alliance peut paraître incongrue (ah bon ?) et pourtant, la recherche sur les ambiances visuelles et musicales ou le jeu répété avec les silence font de ce film un potentiel cousin germain de Drive. Ajoutez à cela cette ligne graphique Japonaise si particulière, un soupçon de poésie et vous obtiendrez un film qui est une réelle expérience sensorielle.
En ce sens, 5 centimètres par seconde à le mérite de ne ressembler à rien d'autre (et tant mieux, diront peut-être ses détracteurs ... Oui, oui, je vous vois venir !). Le scénario, haché en trois parties distinctes, n'en est pas vraiment un et ne sert finalement que de support à la matière "physique" de ce film : Comme une jolie blonde potache, le fond est noyé par la forme, mais quelle forme ! Makoto Shinkai fait déambuler ses personnages gentiment mélancolique dans des décors somptueux, transformant l'endroit le plus banal en un cliché "carte-postalesque" grâce à une palette de couleurs défiant l'entendement. Et puisque cela ne suffisait pas, gâteau sur la cerise, nous est offert un travail sonore très intéressant, passant outre la petite mélodie au piano collant parfaitement aux personnages, avec un jeu entre des silences répétées et des voix off dont on ne peut que saluer le talent des doublures, qui comme par peur de briser le calme qui précède ne vous narrent pas l'histoire mais vous la chuchote au coin de l'oreille.
Voilà ce qu'est 5 centimètres par seconde. Un film d'une lenteur délibérée, nous laissant le temps d'admirer les graphisme sublimes et de faire résonner les quelques paroles que l'on nous glisse. Et une histoire qui, à défaut d'être prenante nous fera au moins le plaisir de ne pas se conclure sur un "happy ending" archi-déjà-vu. Et c'est aussi là l'audace de ce film : Il ne répond à aucune des choses que l'on attend de lui.
D'ailleurs, il ne répond à rien du tout. A la manière d'un haïku, ce n'est qu'un peu de poésie gratuite ... Qui s'en plaindra ?
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