A travers trois petites histoires, à travers le début d'une vie, 5 cm per Second le serre à plus d'une occasion, le coeur.
Tout d'abord quand on a treize ans, comme Takaki, et que l'on est séparé par la vie et les grandes personnes du premier amour que l'on connaît. On ne saura jamais si la distance est si importante. Non. Mais c'est le temps qui le sépare d'elle, dilaté, interminable, ressenti à hauteur d'enfant, où chaque minute prend des allures d'heures. L'impatience et la volonté de dépasser le temps à rallonge qui attriste et qui rend anxieux, le retard qui s'accumule et qui reporte sans cesse le moment des retrouvailles que l'on a imaginé depuis si longtemps.
Jusqu'au terminus, pavé des empreintes laissées dans la neige. Est-elle encore là ? A-t-elle changé ? Puis ces sourires mêlés de larmes. L'étreinte si douce et le goût d'éternité du dernier baiser échangé, elle sur la pointe des pieds, les deux coeurs amoureux battants à l'unisson. C'est aussi ces lettres qui, finalement, ne parviendront jamais à leur destinataire, qu'elles volent au vent ou soient oubliées dans des boîtes à souvenirs. La séparation n'en sera que plus touchante, dans ce décor de neige aux reflets rosés nimbé d'une lumière douce.
Les années passent. Les sentiments semblent toujours aussi forts mais le regard de Takaki se fait plus vague, vers un horizon incertain entre mer et nuages délicieusement orangés. Avec la gentillesse comme politesse d'un coeur encore jeune et attristé. Et, pour une jeune fille, une attirance délicate aussi douce qu'elle peut faire mal, des pensées monopolisées par celui qui lui sourit tout en étant d'une distance telle que celle-ci arrachera de ses bras celui qu'elle aime, pour toujours. Sa difficulté à dire ce qu'elle ressent pour lui émeut, arrivant à capturer et à restituer ce que l'on expérimente quand on grandit, ce que donne à ressentir l'amour quand il déborde et paralyse, tout en faisant scintiller des étoiles dans des yeux parfois embués de larmes.
Mais même les plus belles émotions n'auront jamais raison du temps qui passe. Car à mesure que l'on se rapproche de la fin de l'oeuvre, les sentiment de Takaki semblent être comme éteints, le coeur anesthésié. Ses rêves et ses idéaux se sont enfuis, laissant la place à une pluie perpétuelle qui bat le béton de la ville. Les messages qu'on lui envoie restent sans réponse. Il est comme vide à l'intérieur, jusqu'à ce qu'il reconnaisse une silhouette familière et se souvienne de tous ces petits moments où il était encore vivant.
Il se retourne sur les barrières du passage à niveau, renouant avec ce qu'il a vécu il y a longtemps, quand les fleurs de cerisiers étaient épanouies et que leurs premiers pétales tombaient... Quand il avait treize ans et qu'il souriait à celle qu'il aimait, de l'autre côté.
Behind_the_Mask, le coeur serré par le fil de la vie.