Bouche-trou
Cette critique sera, à l'image du film, plutôt vide. Le scénario n'a rien de plus simple : un couple de parisiens qui viennent d'acheter des terres à la campagne et sont contraints à la promiscuité...
le 1 janv. 2024
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La lecture de la critique d'un de mes éclaireurs (@June) avait attiré mon attention sur ce film dont j'avais immédiatement pensé qu'il était pour moi … Un couple de parisiens (ou de citadins), un retour à la terre, quelques démêlés avec les uns et les autres…
Et je n'ai pas été déçu !
Le film est d'une certaine Emilie Deleuze que je ne connais pas du tout (sinon par l'article sur Wiki qui m'apprend qu'elle est la fille du philosophe Gilles Deleuze).
Le scénario est plutôt bien vu même si les scénaristes ont un peu chargé la barque. Pas si sûr, en fait.
Lui, Franck, un patron de recherche, qu'on peut classer intellectuel, achète une maison en plein Limousin avec 5 hectares de terres … Elle, Léo, est hôtesse de l'air. Si, a priori, on ne peut pas la classer "intellectuelle", en revanche, on peut dire que ses voyages l'habituent à vivre sur un certain standing.
Lui, en bon chercheur typique, ne peut se résoudre à aborder une nouvelle tâche sans se donner à fond. Au risque de sacrifier sa vie professionnelle.
Ce qui est très bien vu dans le scénario c'est l'arrivée dans un monde où les cinétiques de fonctionnement sont très différentes de la vie trépidante parisienne. Entre le voisin qui a pris l'habitude, pour rendre service, de faire paître ses vaches sur la propriété, justifiant au passage un petit bonus sur la subvention européenne de la PAC ou la maire qui est fort réservée sur ces nouveaux arrivants venant de la ville, je reconnais bien la mentalité du village où tout le monde se connait et où "money is money" … L'histoire du bail oral n'est pas du tout caricaturale. Si, d'aventure, Franck avait accepté, par esprit de conciliation, c'en était foutu de la jouissance de sa terre, le voisin devenait alors l'exploitant et, de facto, indélogeable…
Le road-movie en tracteur est un véritable petit délice allégorique ; Franck, pour asseoir son nouveau personnage à la campagne, décide qu'il lui faut un tracteur. Il y a les négos, puis l'achat en Corrèze puis le voyage de retour à travers le Limousin. Le road-movie devient un chemin initiatique où il va rencontrer plusieurs gens ; par exemple, le branleur à l'hôtel qui ne s'occupe que des gros paysans et méprise les petits minables, de surcroit, si ce sont des parigots faisant leur retour à la terre. Mais surtout il va rencontrer des gens solidaires. Au début, cette affaire de tracteur est une bravade. À l'arrivée après diverses péripéties dont celle passant par la savoureuse case prison, il a trouvé sa vraie place.
Le casting repose sur la performance de Lambert Wilson, finalement très crédible en binoclard néo-rural qui en veut et qui s'accroche.
Marina Hands dans le rôle de l'épouse de Franck qu'elle suit (en talons) avec un peu d'étonnement et qu'elle aide dans ses négos est bien. Je n'ai pas vu souvent cette actrice à part "les âmes grises" où je l'avais bien appréciée.
Il est certain qu'il ne faut pas trop creuser le sujet car on tomberait vite sur des invraisemblances ou on crierait très vite aux clichés. Mais le propos d'Emilie Deleuze est de nous raconter la mise en œuvre d'un fantasme sous la forme d'une fable en s'appuyant sur des traits ou des détails parfaitement réalistes et crédibles.
En effet, qui d'entre nous, à un moment critique de sa vie professionnelle, ne s'est pas un jour écrié, excédé : "marre, je laisse tout tomber et vais m'enterrer au fin fond du Larzac où on me foutra enfin la paix". Le film d'Emilie Deleuze, c'est juste l'étape, théorique ou pas, d'après … Le fantasme secret de chacun (ou de certains).
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Créée
le 9 juin 2024
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