Étrange cas que ce 6 Underground, quatorzième film de l'explosif Michael Bay, premier sur Netflix et actuellement plus gros budget alloué par la plateforme. Enfin débarrassé de la saga Transformers, Bay s'adonne de nouveau au film d'action stupide et bourrin en nous servant une espèce d'Agence Tous Risques moderne où une escouade d'élite se faisant passer pour morts décident d'aider leur prochain en faisant tout péter. Autant proche des Losers que de la série imaginée par Stephen J. Cannell et Frank Lupo, 6 Underground ne joue clairement pas dans l'originalité mais a le mérite de faire son taf correctement. On n'en demandait pas plus.
Menée par un Ryan Reynolds toujours aussi lubrique et souvent exaspérant, l'équipe s'avère contre toute attente plus ou moins sympathique et chacun a son importance : 3 le tueur à gages mexicain sentimental (Manuel Garcia-Rulfo), 2 l'ancienne agent de la CIA monolithique (Mélanie Laurent, remplaçable), 7 le sniper d'élite (Corey Hawkins), 4 le casse-cou juvénile (Ben Hardy, une petite révélation) et enfin 5 le médecin sans frontières (Adria Arjona, unique membre réellement sous-exploité). Une course-poursuite pétaradante de 20mn en guise d'intro, des fusillades sanglantes avec de l'hémoglobine numérique à tout va, de l'infiltration, des empoignades, du sexe, du parkour, des gags... Du déjà vu peu aidé par un scénario du même acabit. Mais bizarrement, Michael Bay a pondu un film marquant dans le cinéma d'action.
Condensé de tout ce qu'il s'est fait dans les années 2010, au détail près, le réalisateur américain nous livre un blockbuster testamentaire d'une décennie éreintante, comme si la prochaine se devait d'évoluer encore. Parsemé de piques ici et là quant à la technologie moderne (notamment sur les smartphones), le script s'avère plus subtil qu'il n'y parait en dépit de sa trame vue et revue et son classicisme presque assumé. En somme, 6 Underground n'est pas une œuvre mémorable en soi et s'avère même par instants décevante par rapport au style connu de Michael Bay (terminés les plans iconiques sur fond de musique épique, oubliée la photographie travaillée donnant une réelle texture à l'image) mais parvient tout de même à demeurer un spectacle réjouissant qui clôture en beauté une décennie déjà terminée.