Dernier épisode de la "trilogie de la glaciation émotionnelle" , après le septième continent et Benny's video. Pas le plus simple, à cause de sa structure. En effet, après un carton présentant le fait divers (un étudiant entre dans une banque et abat trois personnes, avant de se suicider) le film adopte une structure éclatée, revenant en fragments sur la vie des personnes impliquées dans ce fait divers (victimes, meurtrier ou leurs proches, ou simplement témoins dess faits). Les "fragments" sont inégaux en durée (et au départ, pense-t-on en intérêt ), Petit à petit, toutefois, se dessine ce qui a mené à cette tragédie, et comment le hasard a réuni ces personnes. Une chronologie rythmée par des extraits d'actualités télévisées. Le tout dessine un portrait de la société autrichienne de l'époque, sans qu'on puisse parler de chronique politique ou sociale. Et si les circonstances du fait divers sont expliquées, les motivations profondes du geste de l'étudiant ne sont pas expliquées.
Comme dans les précédents films, filmage ultra réaliste, clinique même. Un monde un peu glacial où les sentiments (quand il y en a) ont du mal à s'exprimer. Pas de point de vue non plus : Haneke montre, mais n'explique pas (il ne donne d'ailleurs pas précisément l'identité de toutes les victimes).
Pas évident à première vue, mais ça se révèle passionnant.
PS Comme pour Le septième continent, le film est le récit et l'analyse d'un fait divers et il s 'agit a priori d'un récit 100 % fictionnel. Mais j'ai pensé que côté reconstitution non spectaculaire, et hors docu-drama, ça aurait pu être intéressant de confier à Haneke un film inspiré d'une affaire réelle