Ce petit film sorti de nulle part sur un sujet grave et plus que brûlant d’actualité a visiblement été encensé un peu partout par les critiques et dans les festivals. Sans dire que « 7 prisonniers » soit mauvais, il n’y a pas non plus de quoi s’extasier. Visuellement comme sur le fond. Second film d’Alexandre Moratto, ce long-métrage nous parle de la traite d’êtres humains dans le travail. Mais ici on ne parle pas de celle des enfants ou de trafic d’organes mais bien de la vente d’hommes et de femmes comme des marchandises à des fins d’exploitation dans des tâches souvent peu aimables et aliénantes. Malheureusement, si le sujet est passionnant, il ne se retrouve ici pas assez approfondi. Avec un tel postulat fort, social et engagé, on aurait aimé un film moins anecdotique et qu’il y ait un travail de fond moins sommaire. Moratto ne prend pas son sujet à bras le corps et semble juste l’utiliser comme contexte d’un vague suspense. Il y a donc une espèce de frustration et l’impression d’un petit film expérimental auquel il manque un gros travail de fond et un aspect peut-être plus documentaire immersif. Car, honnêtement, pas qu’on les envie attention, mais il est fort probable que la traite d’humains soit bien plus extrême et difficile que ce qui nous est montré ici.
De plus, « 7 prisonniers » dévie de son but premier en milieu de bobine pour se focaliser sur la surprenante inversion des rapports de force entre deux personnages. Comme si Moratto fuyait encore plus son intéressant sujet. C’est étonnant et surprenant, on ne peut le nier, voire même osé, et cela permet au film de rebondir un peu mais en s’éloignant encore plus de cet aspect social nécessaire et conforme à la proposition première. Après le film est court et va droit au but mais laisse toujours cette impression tenace qu’il est anodin et oubliable malgré le caractère sérieux et important de ce dont il parle. Les rapports entre les deux personnages principaux sont vraiment captivants mais leur évolution apparaît aussi trop soudaine et forcée. En somme, c’est fort sur le fond mais bien trop timide dans le déroulement et on a une légère impression de passer à côté du sujet. Au niveau de la mise en scène, donc de la forme, c’est classique mais plutôt bien emballé. Bref, « 7 prisonniers » n’est peut-être pas le grand film annoncé mais il s’intéresse à un sujet grave et passionnant et parvient à surprendre dans l’évolution de son intrigue même si ce n’est pas celle attendue.
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