Si indiquer un 7 dans un titre de film sonne comme une rhétorique positive visant à s'attirer le bon oeil, on pense aussitôt également qu'il y a là un peu de prétention pas forcément bienvenue. Et oui, on n'aime pas tant les prétentieux que leurs productions, qui pâtissent souvent de l'ego de leur créateur. Ca ne vaut d'ailleurs pas que pour les films, rassurez-vous.
Si vous vous souvenez bien, McDonagh a réalisé, il y a quelques années (c'était en 2008) Bons baisers de Bruges, un petit film fort sympathique qui a su, de par ses qualités intrinsèques et son casting attractif, se tailler une petite notoriété, renvoyant la pub française pour Bergues bien loin de la classieuse Bruges en Belgique en campant deux tueurs au coeur tendre et à la psychée torturée.
Sur une construction similaire, 7 psychopathes réunit une tripotée d'acteurs grandioses, dans des rôles à la hauteur de leur réputation et de la folie de leurs passifs respectifs, pour une aventure hachée, mixée, un peu dégingandée au pays des tueurs autistes et autres détraqués sociaux.
On pense aux débuts de Tarantino dans ce déroulé de dialogues parfois un peu inutiles, parfois savoureux, régulièrement drôles, et on se gausse des blagues subtiles et des caractères tellement à contre-emploi de ces gueules géniales. On se vautre gaiement dans cette fange un peu machiste qui ne se prend pas au sérieux, on suit avec intérêt le didacticiel sur l'écriture d'un film et ses rebondissements.
On se prend même à carrément jubiler de comprendre avant leur révélation officielle, que le spectateur est manipulé à la faveur d'une mise en scène retorse et des différents niveaux de narration qui s'entremêlent à chaque instant.
7 psychopathes est un beau film. Avec un chouette titre. Un casting d'enfer. Mais 7 psychopathes, en dépît de son cadre désertique, de ses couleurs chatoyantes (j'aime bien ce mot, chatoyant, il convient bien à ce film), et de sa furieuse folie, accuse des problèmes de rythme accablants, qui vous plongent dans une léthargie dont l'intensité et la surprise des pics qui vienent la ponctuer ne parviennent pas toujours à vous sortir, d'autant que l'ambiance sonore, avec une musique quasi absente tout au long du métrage, sonne, somme toute, comme un manque perturbant.