Contexte respecté

Le titre est osé ! Le pari est annoncé. En 2019 faire une film intitulé 90's et planté l'ambiance des années 90's. Le pari est relevé.

L'ambiance visuelle n'a rien à voir avec les normes de l'art visuel actuel. On est loin des gros travaux de plans, de travail de colorie métrie, des choses de couleurs etc. Non ici tout est fade et (osons le dire, car nous sommes désormais 20 ans plus tard) "vintage !"

Et le décor y est, que ce soit entre les consoles, les collections de CD, les références aux Seigneurs de Dogtown, le choix des musics, les surnoms. Tout y est. Pas de smartphone, pas de référence à instagram, la technologie est là, mais à l'ancienne. Même je débute encore dans la phase 20-25 ans, cette ambiance a piqué ma nostalgie. Et rien que pour ça, le film mérite déjà une belle note.

Pour la suite par contre je suis un peu plus mitigé. Il y a des personnages très intéréssant, mais leur dévéloppement pour certains se fait trop rapidement. Et les scènes de flashbacks ou de discours introspectifs sont beaucoup trop légères. Quand la bande discute avec le mec dans le skate park qui leur taxe une clope et dit qu'il essaie de se sortir de la rue. Quand Ray discute avec Steevie, c'est trop rapide, trop cru, trop fade. Idem pour les tensions familiales... il manque un truc... MAIS ! c'est peut-être là un mauvais jugement de ma part. En effet, le cinéma évolue, et aujourd'hui, génération netflix, nous sommes habitués à voir des personnages qui en font trop, mais beaucoup trop (prenez n'importe personnage principal de votre série Netflix préférée et vous verrez que j'ai raison). Il est donc eroné de ma part de juger ce film en le comparant aux standards actuels (en termes d'écriture de personnage, de gestion de tension dramatique aussi).

Quand j'y repense, les vieux films manquaient aussi de ce too much à l'époque et pourtant ça ne me gênait pas. Au contraire, on s'appuyait sur des gimmiques d'un protagoniste, sur quelques tirades parfois mal jouées et ça nous suffisait pour en faire des références, des souvenirs, des points d'ancrages. Et à ça façon Mids90 s'inscrit dans la lignée de ses films, de part son écriture de la narration et des héros de l'intrigue.

D'ailleurs, l'impression de rush, de saccade, d'inachevé, de survol est peut-être aussi un fait exprès, un choix artistique. Le film parle de skate, hors, en skate les figures vont très vite. Un backflip ou autre, ça se joue en moins d'une seconde. C'est brutal, ça heurte le sol, on se ratte, on se fracasse, parfois on se blesse sérieusement. Le film nous rend bien cette brutalité.

L'autre point, c'est qu'on suit un gamin qui entre à peine dans l'adolescence et qui découvre bien trop de choses en même temps. C'est indigeste pour lui. Et le film le traduit à la perfection. D'ailleurs je salue le choix de laisser le petit Steevie dans le chaos et l'autodestruction tout au long de l'intrigue. Qui à son âge et dans son contexte aurait pu virer de bord et se mettre à philosopher comme Ray?

Film excellent. Il vient donner, sur le skate-univers, une vision moins rose que Skate Kitchen, une vision plus brutale, mais les deux sont dans la même lignée et font du bien, le tout en maitrisant les codes des années 90.