Le roman éponyme de Frédéric Beigbeider était une cinglante critique (de l'intérieur) des agences de publicité, et plus généralement de ce système absurde axé sur la surconsommation, où il s'agit d'inventer des besoins à destination des citoyens : toujours plus vendre et toujours plus consommer, afin de satisfaire les fabricants et les actionnaires.
Dans le film "99 francs" (2007), doté d'une mise en scène enlevée, Jan Kounen reprend cette thèse pour la dénoncer, en axant son propos sur un aspect corollaire : la fonction centrale du système, la création des besoins, est confié à une bande de créatifs irresponsables, complètement défoncés, en total décalage avec les consommateurs et même avec les clients des agences de pub.
L'un des créatifs, lassé et écoeuré devant sa propre participation à ce marché de dupes, finit par péter les plombs, et décide de saboter une campagne gigantesque.
Jean Dujardin incarne assez efficacement ce publicitaire jouisseur et ambivalent, mais ce sont plutôt les seconds rôles qui m'ont convaincu : Jocelyn Quivrin le créatif à la cool, Nicolas Marié le boss abject, Patrick Mille le collaborateur suce-boules,...
Un film imparfait qui a toutefois le grand mérite d'exister, ayant été vu par plus d'un million de spectateurs en salles, et qui constitue la dernière œuvre appréciable de Jan Kounen, un cinéaste autrefois prometteur...