Difficile de rester neutre devant 99 Moons, en dépit de sa nationalité suisse. Le film, qui fait partie de la sélection de l'Acid pour le Festival de Cannes 2022, se déroule comme son son titre l'indique pendant 99 lunes, soit donc l'équivalent de 8 ans, chaque chapitre s'arrêtant sur la situation ponctuelle du couple étrange formé par une scientifique et un habitué des milieux underground et des paradis artificiels. C'est un constant chassé croisé de fuites et de retours, séparés par de plus ou moins longues éclipses, qu'il nous faut acheter argent comptant puisque la psychologie n'a que peu de place dans 99 Moons, beaucoup moins que celle dévolue aux tremblements de la chair, entendez par là des scènes de sexe très crues. On peut admirer les audaces stylistiques du metteur en scène, Jan Gassmann, tout en regrettant que rien n'est fait pour nous rapprocher de ce duo infernal et fusionnel. Le film est froid comme un hiver à Zurich, axé sur la trilogie sexe, drogue et perversion, avec un tel acharnement, voire agressivité, à s'affranchir du commun embourgeoisement du couple, qu'il en devient répétitif, à chaque changement de lune, et nous rend indifférent au sort de personnages embourbés dans leurs excès et névroses. Et que finalement, leur comportement, foncièrement lié à leurs besoins physiologiques, révèle un égocentrisme et un manque de générosité assez pénibles à supporter.