Adrift in Tokyo (2007) - 転々/ 2007
Réalisateur : Satoshi Miki - 三木聡.
Acteurs principaux : Joe Odagiri - オダギリジョー ; Tomokazu Miura - 三浦友和 ; Kyoko Koizumi - 小泉今日子 ; Yuriko Yoshitaka - 吉高由里子.
Mots-clefs : Japon ; Contemplatif ; Sociétal.
Le pitch :
Fumiya, un étudiant endetté, reçoit la visite du créancier Fukuhara, qui lui propose un étrange marché: il effacera les dates de Fumiya si celui-ci accepte de marcher avec lui, à travers Tokyo pour se rendre au commissariat central afin de confesser un crime qu'il regrette. N'ayant pas d'autre option, le jeune homme accepte. Leur balade sera semée de rencontres plus loufoques les unes que les autres, et surtout de découvertes de parties d'eux mêmes.
Premières impressions :
Réalisé par Satoshi Miki, un réalisateur qui m’était inconnu jusqu’alors, « Adrift in Tokyo » est une belle découverte à mi-chemin entre le film contemplatif et le film WTF japonais. Ici, nulle intrigue rocambolesque ou romance passionnée, mais une simple balade de plusieurs jours au cœur de Tokyo en compagnie de deux héros mi-loubards, mi-paumés, le plot se résumant aux discussions, souvenirs et rencontres générées par la balade. En fait « Adrift in Tokyo » ressemble à une mise à l’écran de la bande dessinée de Jiro Tanigushi « Le promeneur » auquel on aurait injecté un brin de folie.
Le film est construit en deux parties. La première lance l’intrigue puis nous permet de découvrir la ville de Tokyo tandis que les deux comparses se baladent tantôt dans la mégalopole électrique, tantôt dans les petites ruelles calmes et les petits magasins traditionnels. Cette partie permet au réalisateur de présenter succinctement les personnages, mais aussi de découvrir la population de la ville, du moins sa frange la plus en marge et la plus stéréotypée. De rencontres en rencontres se créent des tableaux de vie venant souligner les errances et les difficultés présentent dans une société japonaise en pleine mutation. Violence conjugale, sentiment de solitude, procrastination au travail, immigration et éclatement de la cellule familiale sont esquissés le temps de quelques minutes, comme une analyse sociale éparpillée ça et là malgré la caricature et le ton humoristique.
La seconde partie du film permet au personnage de se poser un peu au sein d’une simili famille. Le film se concentre alors beaucoup plus sur les principaux protagonistes et l’histoire prend un peu plus de corps. Tandis que les rencontres du début du film étaient expédiés en quelques scènes, la seconde partie confronte Fukuhara et Fumiya à la vie de famille avec deux femmes. Le banal du quotidien permet alors de rapprocher les personnages du spectateur, nous donnant presque envie de les rejoindre à table avant d’affronter une fin à la fois douce et inéducable.
Il est assez compliqué de décrire « Adrift in Tokyo » car le film ne repose ni sur un scénario chiadé, ni sur un rythme incroyable, son pitch semble ennuyeux, sa qualité visuelle est inégale et les acteurs surjouent à la manière des comédies japonaises. Pourtant il se dégage irrémédiablement quelque chose du film, comme une folie douce qui nous transporte le temps du voyage qui me pousse à la recommander à tout ceux qui s’intéressent plus aux personnages et au cadre sociologique qu’au scénario dont l’apparente absurdité disparaît au fil du film. Bref, une belle découverte qui me fait encore plus apprécier mon abonnement à Outbuster.