Disney est désormais le GAFA du divertissement, qui livre, chaque année, sa ration de blockbusters aux adolescents du monde entier. Infinity War est le 19e opus du MCU et le plus ambitieux. Pour la première fois, un méga-blockbuster regroupe la totalité de l’effectif ; hormis les X-Men, Deadpool et les 4 Fantastiques loués à la XXth Century Fox.
Nous retrouvons Iron Man (le facétieux et vieillissant Robert Downey Jr.), le décalé dieu Thor (Chris Hemsworth), le sérieux Captain America, Hulk, les Gardiens de la Galaxie et les derniers nés Docteur Strange, Black Panther, Spiderman... Ils sont tous là. (Pas tout à fait, ma fille Toinette m’apprend qu’Œil-de-Faucon et Ant-Man sont portés absents). À l’image des All Stars, la difficulté est de les faire cohabiter. Les attentes du public sont fortes, chacun désirant voir son héros briller.
Tous ces surhommes sont nés sur le papier, la plupart tirés de la fertile imagination de Stan Lee. Ils ont vécu d’innombrables aventures, publiés à des rythmes démentiels. Cent fois, leurs biographies ont été reprises, modifiées, réécrites... et leur légende a grandi. Marvel, c’est notre Olympe à nous. Leur profil étant désormais figé dans le marbre de la saga, la valeur d’une histoire dépend de la personnalité du méchant. La difficulté des scénaristes est de créer, chaque mois, des adversaires crédibles, bien que destinés à échouer. Nos héros sont immortels, ou presque.
Infinity War se devait de se doter d’un mégaméchant. Ce sera Thanos. Thanos est sombre, lourd, implacable. Le Thanos de papier courtisait la Mort. Son incarnation moderne est adepte de la deep ecology : l’univers est surpeuplé, pour le bien de tous, il s’engage à éliminer la moitié des êtres vivants du cosmos, pas moins. Après avoir vaincu les Asgardiens (les potes de Thor), il vient vers nous. Face à la sidérale menace, un regroupement de nos forces s’impose : les Avengers se réconcilient et bénéficient de l’appui des sympathiques Gardiens de la Galaxie. La baston est lancée. Pour une vague histoire de pierre précieuses, nos héros se scindent en sous-groupes. Intelligemment, Thanos est préservé. Il bouge peu, déléguant ses sbires pour n’intervenir qu’à la fin. C’est beau. Les frères Russo multiplient les angles de vues et les focales, les cabrioles et les punchlines. À budget illimité, effets spéciaux réussis.
Que dire après plus deux heures de bagarre ? Mes enfants ont adoré. Je regrette l’abandon des collants et des capes aux couleurs vives des héros d’autrefois. Trop de vaisseaux spatiaux, d’armures réalistes, de tenues grises et noires... La fin est sombre. Mais déjà le 20e opus est annoncé avec le retour d’une gloire oubliée. « Thanos, t’es foutu, Captain Marvel est dans la rue.»