Coming out of Africa
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le 28 févr. 2018
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APRÈS SÉANCE
Une fois n’est pas coutume, le Marvel Cinematic Universe démontre qu’il est vraiment capable de tout. Du meilleur (Avengers) comme du pire (Thor : Le monde des ténèbres). De l’innovant (Les Gardiens de la galaxie) comme de l’hyper-réchauffé (Les Gardiens de la galaxie Vol. 2, Spider-Man : Homecoming). Mais aussi du beau (Doctor Strange) ou du léger (Ant-Man, Thor : Ragnarok) Ici, avec Black Panther, réalisé par Ryan Coogler, je ne sais pas si nous avons le « meilleur film du MCU » comme j’ai pu beaucoup le voir, mais nous avons assurément le plus politique.
Black Panther prend la suite de Captain America : Civil War. Au cours d’une assemblée des Nations Unies à Vienne, le roi T’Chaka du Wakanda est tué à la suite d’un attentat. Le trône (et le costume de Black Panther) revient donc à son fils, le prince héritier T’Challa (Chadwick Boseman). Tel le lion Simba voulant déjà être roi, la panthère va devoir d’abord prouver sa légitimité et mériter sa couronne (en l’occurrence plutôt un collier…).
SUR LE FOND : 7,5 étoiles
Ce qui est super, c’est que Ryan Coogler partait d’une page totalement blanche concernant le Wakanda made in MCU. L’univers développé dans ce film est donc nouveau, rafraichissant. Le pays fictif n’avait été, en effet, que très brièvement mentionné dans Iron Man 2 puis dans Avengers : l’ère d’Ultron. Du coup, j’imagine que Ryan Coogler a bénéficié d’une grande liberté (toute relative lorsqu’on doit s’insérer dans une saga de 10 ans composée de 17 films). Le mystère était donc entier sur l’univers cinématographique de Black Panther.
Verdict : c’est très bon. Alors, pas seulement parce que c’est un film relatif à un héros black. N’oublions pas Hancock (Will Smith) ou même Blade, interprété par Wesley Snipes avait été approché dans les années 90 pour camper le costume de la panthère avant de choisir celui de vampire chasseur de vampires. Ce n’est pas non plus uniquement parce que le casting est composé à 90% d’acteurs et actrices afro-américain-e-s. Oui, c’est une bonne chose, une bonne chose normale, si tant est que cela ne devienne pas l’argument commercial n° 1 du projet. Ce film (sur le fond du moins) est bon pour tout ça, mais aussi et surtout pour la diversité des thématiques sociales développées : les traditions et leur transmission, la coexistence du passé et du présent, le pouvoir, le mérite et le courage, le féminisme, l’obscurantisme ou au contraire l’ouverture aux autres, la colonisation, la misère sociale, l’oppression des minorités, la vengeance… Oui, rien que ça. Et dans un film du MCU, une telle profondeur de lecture est assez rare pour le souligner.
We all know the truth : more connects us than separates us. But in times of crisis, the wise build bridges, while the foolish build barriers.
Visiblement, un des points forts de Ryan Coogler est de s’intéresser à ses personnages et de créer une ambiance intimiste, sans pour autant négliger la grandeur, l’ampleur de l’intrigue. Je précise que je n’ai vu ni Fruitvale Station, ni Creed : l’héritage de Rocky Balboa, mais j’ai cru comprendre que ces deux films partageaient cet aspect avec Black Panther. Une chose est sûre, concernant l’adaptation Marvel, c’est réussi. L’ensemble des personnages est très bien développé : T’Challa est hanté par les erreurs de son père et souhaite les réparer, Killmonger (Michael B. Jordan) est habité par un esprit de vengeance et d’injustice vis-à-vis des populations (noires) opprimées sur l’ensemble de la planète, Okoye (Danai Gurira) est courageuse et extrêmement loyale à son pays et à son roi. Chaque personnage est plus nuancé, plus profond, plus complexe qu’on ne pourrait le croire (j’ai depuis ajouté Fruitvale Station à mes visionnages à venir). Et surtout, chacun d’eux sort du carcan proposé habituellement dans les productions hollywoodiennes. Les personnages féminins, notamment les Dora Milaje sont ainsi à des années lumières des caricatures habituelles. Là-dessus, le parallèle avec James Bond est périlleux. On est très loin des femmes hyper-sexualisées gardant robe et talons aiguilles pour se battre, lorsqu’elles ne font pas avancer l’intrigue qu’en utilisant leurs charmes. Ici, les Dora Milaje, et Okoye en tête, outre le fait qu’elles soient vêtues de l’extrémité de leurs bottes au bout de leur col roulé, sont puissantes, badass, et partagent des valeurs nobles. Même le personnage de Klaw (rebaptisé Ulysses Klaue dans le MCU) interprété à merveille par Andy Serkis est parvenu, en l’espace des quatre ou cinq scènes qui le concerne, à devenir un personnage très intéressant, plus qu’un simple mercenaire/trafiquant d’armes. Ses attentions sont claires, tout comme la folie qui l’habite.
Dommage que ce développement soit brutalement stoppé, même si évidemment sa mort permet d’accentuer la rage, la détermination de Killmonger.
Rajouté à cela que ce film ne cherche pas à créer des liens lourdinques avec les autres longs-métrages du MCU (un seul flashback de Civil War), on a donc une épopée royale teintée d’espionnage international et de lutte de pouvoir. Bref, du frais. Un joli bijou, malheureusement emballé dans un papier brouillon.
SUR LA FORME : 6 étoiles
Parlons alors maintenant du papier brouillon. Attention, cela ne signifie pas que Black Panther est mal réalisé. Au contraire, la réalisation est bonne, certaines scènes sont mêmes excellentes. C’est notamment le cas pour les scènes de combat que ce soit au cours des cérémonies de couronnement (avec de magnifiques projections d'eau) ou dans le casino. Cette dernière est particulièrement prenante : on suit en faux plan-séquence trois personnages en train de se battre au balcon, puis au sol, puis de nouveau au balcon… La caméra suit un peu à la traine Black Panther, ce qui accentue ses pouvoirs surhumains, mais reste toutefois très proche offrant un combat intense et brut. Assez ouf (j’ai depuis ajouté Creed à mes visionnages à venir). Donc non, ce film n’est pas mal réalisé, mais il pâtit malheureusement d’un traitement des effets numériques très inégal
Clairement le point faible de Black Panther (personnellement), les effets spéciaux sont globalement assez mauvais et m’ont fait sortir du film à plusieurs reprises. Alors, cela s’explique peut-être par le procédé innovant de mélanger des influences africaines, tribales à des technologies ultra-futuristes faisant passer les inventions de Tony Stark pour des jouets de Kinder. C’est étonnant, très étonnant, et parfois peu crédibles. Visuellement, les choses sont trop lisses, trop manifestement fake (Wakanda city notamment), ou pas assez expliquées. Ça a l’air sympa leurs puces derrière l’oreille et leurs petites billes projetant des hologrammes interactifs. Mais d’où ça vient tout ça ? Uniquement du vibranium ? Ce n’est pas censé être « juste » un métal extraterrestre résistant, absorbant les vibrations ? Et pourquoi Killian Aldrich possède déjà cette technologie dans Iron Man 3 ? Assez perplexe.
Pour ne pas aider, il faut dire aussi que le film est particulièrement long (2h15) et que ses trente premières minutes sont très lentes. Le contexte, les personnages, les traditions et les rites sont présentés, faisant passer le scénario au second plan. Il ne se passe pas grand-chose, une sorte de période d’observation pour se familiariser avec l’ambiance du film. Nécessaire, surement, mais cela n’empêche pas de le faire de façon plus rythmé.
Les effets spéciaux sont donc à mon sens le maillon faible de ce film. Dommage car sur les autres plans, là encore, il y a de la fraicheur. La BO par exemple est très sympa. Elle accentue la coexistence du passé et du présent en puisant dans les inspirations tribales africaines et en les mêlant à des sonorités bien actuelles. Il y a donc beaucoup de bonnes choses dans ce Black Panther.
Maintenant, vivement Avengers 3 : Infinity War !
Bonus acteur : NON
Malus acteur : NON
NOTE TOTALE : 7 étoiles
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Créée
le 22 févr. 2018
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