La Belle et le clochard 2 fait partie de cette salve de suites de films animés de Disney des années 1990-2000, profitant de l’aura encore fraîche des dernières grandes productions mais aussi de la renommée des plus grands classiques de la firme pour leur offrir des petits frères. Produites pour le marché de la vidéo et plus rarement ayant eu droit à une sortie cinéma, quelques bonnes réussites sont à noter, d’autres ratages sont à oublier.
C’est donc près de 50 ans après la sortie du premier qu’arrive en VHS et en DVD La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la rue. Ce dernier poursuit l’histoire initiée en 1955, dès les premières minutes tous les personnages principaux du premier sont convoqués, y compris l’ignoble Tante Sarah.
Le récit se resserre par la suite sur Scamp, seul mâle de la portée qu’ont eu Lady et le clochard. Il est d’ailleurs le portrait craché de son père. Mais si ce dernier a accepté le confort et les règles de la vie en famille, Junior est turbulent et rêve d’aventures. L’arrivée de chiens errants, les “sans colliers” le conduit à quitter sa famille pour la promesse d’aventures et de libertés, et peut-être aussi pour les beaux yeux d’Angel, à la personnalité taquine.
Les désirs égoïstes de Scamp ne seront d’ailleurs pas omis par le métrage, grâce à cette jeune chienne de la rue. Elle ne se privera pas de lui expliquer que ce qui est pour lui une prison est aussi une chance, avec l’amour de ses proches, un toit et de la nourriture.
La Belle et le Clochard, l’original, était une belle histoire d’amour mais aussi un titre assez conformiste, où la morale de Disney attirait à elle la marginalité du Clochard pour mieux la dissiper. Le même destin sera accordé à O’Malley dans Les Aristochats. Chien errant ou chat de gouttière, la liberté ne vaut pas un foyer. Cette suite ne fait rien de plus et la conclusion est évidente, mais propose tout de même une quête initiatique assez plaisante, où les enjeux sont clairs, rythmé par les personnages canins hauts en couleurs des “Sans colliers”.
Avec une durée de 1h09 générique compris, l’espace était de toutes manières trop réduit pour en faire trop. Le film va à l’essentiel, sans trop perdre son chemin. Dommage dès lors que Lady soit si peu présente, ou que les soeurs de Scamp, petites pestes canines mais malgré tout sympathiques aient si peu d’importance.
La suite n’a pas la même qualité que l’original, c’est évident, qui était un enchantement pour les yeux, dans sa représentation policé de la haute bourgeoisie ou plus canaille de celui des petites rues. C’est peut-être décevant de se dire que 50 ans après le film n’arrive pas à être au niveau, mais c’est aussi la preuve que l’original, comme tous les grands classiques Disney, était un travail d’orfèvre, un projet gigantesque réunissant les meilleurs animateurs au long cours. Un travail soigné et sans relâche qui lui a permis de soutenir la concurrence visuelle et ce encore maintenant.
Pour autant, il serait malhonnête de crier au ratage, car le rendu de cette suite reste malgré tout assez propre, travaillé et suffisamment bien animé Le design est d’ailleurs plus arrondi, plus simplifié, mais l’intérêt du film original a été conservé, rendre ces petites boules de poils attachantes.
Les nouvelles chansons composées pour le film sont par contre insipides, mièvres dans le texte, plates dans les mélodies, une petite catastrophe accentuée par leur nombre assez important, pour autant de moments gênants. Seule Le Club des clébards sauve cet aspect, plus dynamique, plus voyou, mais isolée. Avoir conservé des scènes musicales pour en proposer des versions aussi ratées est vraiment l’un des points les plus noirs de cette suite. Ces suites télévisuelles ont pourtant persisté à en proposer, alors que le résultat n’était que rarement là.
La Belle et le Clochard 2 est évidemment moins bien, mais dans les standards de cette vague de suites des années 1995 à 2010 elle s’en sort assez bien. Son petit héros Scamp s’aveugle et la fin est attendue, et pourtant la curiosité est piquée.