Il aura fallu deux ans et des poussières pour que la surprise de la fin d'année 2006 découvre sa suite débouler sur les grands écrans du monde; nouveaux personnages, même réalisateur couvrant les mêmes têtes d'affiche à réputation mondiale, avec un remplacement de taille : Amy Adams arrive en trombe, quand Carla Gugino s'en va discrètement par la petite porte.
On comprend dès le début que l'âme du musée s'est éteinte après le générique du premier film; autre décors, autres enjeux, nouveaux personnages, aucun développement des protagonistes et de leur back-story, rien d'autre que du surplus de spectaculaire qui tente de cacher son manque d'âme et d'imagination. Sans réelle magie, La Nuit au musée 2 se contente d'ajouter toujours plus de figures historiques extravagantes et d'effets spéciaux plus ou moins réussis pour plaire à son public, se tournant cette fois plus vers les enfants que vers un tout public global.
Alors on a baissé le niveau de l'humour en prenant les gosses pour des attardés : dialogues lourds, gags forcés et recyclés du film précédent, acteurs qui surjouent ou se croient dans un Mary Poppins du pauvre, on se demande rapidement ce qu'il s'est passé dans la tête des scénaristes; la rançon du succès, sûrement, la perte de modestie qui fait croire que tout est possible, couplée à un manque d'envie et d'idées nouvelles.
On se farcit donc une suite qui prend la forme d'un remake non avoué, et de laquelle ne ressortent que les interprétations d'Amy Adams et Jon Bernthal comme qualités principales. Visuellement plutôt sympathique, reste que Shawn Levy a abandonné l'atmosphère rêveuse et colorée de son premier film pour la remplacer par l'ambiance sombre et froide post-Batman Begins, coupant toute personnalité à l'ensemble.
La Nuit au musée 2 respire le too much jusque dans son image; commune à tous les blockbusters de l'époque, elle pointe du doigt le défaut majeur de cette suite, celui de se prendre trop au sérieux. Conscient de ses qualités, le métrage les met en avant et part toujours plus dans l'invention visuelle, réussissant certes bien les quelques passages visuellement travaillés, mais ratant ce qu'il fallait à tout pris réussir : faire naître la magie de statues de cire, le manque de développement de ses personnages n'y étant certainement pas pour rien.
Restera donc l'interprétation fameuse d'Amy Adams, dont le charme et la grâce donnera tout son sel au film. Seul personnage attachant, on regrettera un temps de ne pas la voir dans le troisième volet de la saga, et ce jusqu'à ce qu'arrive la conclusion du film, belle et touchante, qu'elle porte sur ses épaules comme elle traverserait l'Atlantide dans son avion. Ré-évoquons également l'excellent Bernthal en Al Capone, jamais développé mais marquant par chacune de ses apparitions remarquées (et dont le design noir et blanc apporte un certain cachet au visuel global).
On se questionnera sur l'intérêt de multiplier les références/hommages/plagiats, détail d'ailleurs symptomatique de ces comédies qui, ayant peu à proposer au spectateur, jouent la carte de la nostalgie du geek/cinéphile/ancien enfant pour palier à son manque d'imagination/talent/personnalité. En plus d'être une parodie totale des deux Momies de Vosloo, La Nuit au musée 2 se permet aussi de citer Star Wars et nombre d'autres films pour gagner, de manière totalement opportuniste, un semblant de sympathie forcée auprès d'un spectateur navré.
Que dire de ce méchant interprété par un Hank Azaria totalement abrutissant, énième méchant de film pour gosse n'ayant plus la fonction parodique du trio du film d'origine : il sert seulement à faire rire les enfants par son jeu exubérant et les déboires qui lui tombent sur la gueule, sorte d'antagoniste à la Underdogs ou 101 Dalmatiens : le film qui ne brille jamais par sa finesse ou son efficacité d'esprit.
Pour résumer, une suite/remake décevante mais tout de même divertissante, qui ne manque pas d'idées de nouveaux personnages mais peine à se renouveler et ne leur donne jamais l'importance/la profondeur qu'ils méritent. On se contentera donc de nous balancer du name-dropping sans aller plus en profondeur sur la personnalité de ces arrivants historiques, et si cela pourra fonctionner sur le jeune public, nul doute que leurs accompagnants apprécieront peu le rendu final, tant il sera vide et dénué de tout apport psychologique. Passons sur la morale du film et son "Vis en t'amusant", d'une naïveté insoupçonnable.