Une fois accepté l'approche uniquement psychologique, aux dépends du thriller, le personnage de Canet devient le seul intérêt du film. Bien qu'il fasse un bon travail d'interprétation, je n'aie pas trouvé le personnage assez intéressant pour porter tout le film.
On ne voit que l'aspect pathétique du tueur, un névrosé, rigide, malade de faire ce qu'il fait mais ne pouvant s'empêcher de tuer, comme pour se sentir vivant. Il est glacial mais provoquerait presque de l'empathie. Je ne suis pas contre comprendre ce qui se passe dans la tête d'un tueur, mais j'ai trouvé l'approche assez limitée.
Dans cette affaire (la vrai), le tueur ressentait une forme de jouissance à prendre la vie d'autrui, et un plaisir sadique à mener en bateau les enquêteurs, en somme le plaisir que peut ressentir un tueur en série à avoir le pouvoir. En ne montrant pas l'enquête, le réalisateur passe à côté non seulement de moyens de construire un récit plus tendu et captivant, mais aussi d'une partie de son personnage. Autre conséquence: les personnages secondaires n'ont que peu d'intérêt, minimisant l'impact de sa trahison auprès de ses collègues, par exemple.
Bref, ce portrait d'un psychopathe ne m'a pas satisfait dans l'exploration d'une psyché borderline, et ne propose rien d'autre, alors que la matière pour faire un bon polar était là. Malgré une réalisation soignée et un Canet plutôt bon, le film ne propose rien de nouveau ou d'assez nuancé pour sortir du lot.