Œuvre étrange. J’hésite entre le ratage total ou le prototype défaillant, mais méritant, d’un nouveau type de film. Le casting est pourtant plaisant. Les stars de service, George Clooney, Mark Wahlberg et Ice Cube font le job. Le jeune et (alors) moins connu Spike Jonze joue un fascinant brave crétin. David O. Russell ose quelques prises de vues originales. Le pitch de départ rend le « caméra sur l’épaule » acceptable : une journaliste embedded par une unité militaire engagée dans la (1ère) guerre du Golfe. Tout au plus peut-on déplorer une absence criante de moyen, un (petit) hélicoptère, un (tout petit) char, une seule Rolls…
Le problème est ailleurs.
Dans le scénario.
Donc, dans le scénariste.
Qui donc a pu écrire une histoire aussi foutraque ?
Le fautif assume et signe : David O. Russell.
Merde, c’est réalisateur !
J’ai du mal à croire qu’il ait pu, seul, concevoir une telle ineptie.
Ne faut-il pas plutôt y voir une œuvre collective ?
J’imagine quatre scribouillards bourrés intervenants, l’un après l’autre, dans la rédaction.
Où le résultat d’une séance d’écriture expérimentale, type bouts rimés ou cadavres exquis.
Où encore le recyclage et la fusion de quatre scénarios oubliés.
Examinons les faits :
Le film débute sous le mode parodique, des G.I. tarés sous LSD. Parfait, on va rire.
Pas longtemps, car les quatre « anti-héros » désertent pour se lancer sur la piste d’un trésor, ils nous rejouent De l’or pour les braves : un thriller, seuls contre tous.
Alors que je commençais à m’attacher à mes guerriers, l’histoire bascule dans le réalisme et l’horreur. Wahlberg est capturé et torturé. Ses camarades sont tirés comme des lapins. Spike Jonze est tué, les civils tombent comme à Gravelotte !
Soudain, les armes se taisent et le ton se fait politique et polémique : « Saddam et Bush, tout pareil ! » Il ne manque plus que The Doors et The end…
Tout est fini... Non ! La cavalerie déboule et Wahlberg est sauvé in-extremis… Que faire des Irakiens amis ? Vont-ils être exécutés ? Pas plus, car si l’US Army a perdu toute éthique, la démocratie est sauvée par l’alliance de l’or mal acquis et de la presse d’investigation. Pleurons !
C’est fini.
Est-ce si mauvais ?
Non. Je sauverais les premières minutes, le jeu d’ahuri de Spike Jonze, l’utilisation du téléphone portable (nous sommes en 2000) et l’Infinity décapotable.
Ce n’est pas rien.
Décembre 2018.