Je suis un peu de mauvaise foi, voyez-vous.
Oui car tout en ayant mis 4/10 à Mad Max : Beyond Thunderdome, j'ai noté Return of the Jedi 7/10 et Hook - certainement l'un des films préférés de mon enfance - 8/10. Or cette comparaison est loin d'être anodine: j'en veux pour preuve que je l'ai retrouvée dans d'autres critiques que la mienne, ce qui montre que je ne suis pas le seul à y avoir pensé.
Car le cœur du problème se situe bien là: si j'avais pu visionner ce troisième opus de la saga de George Miller avec quelques années de moins, la pilule serait peut-être passée différemment. Manque de bol, j'ai eu le temps de voir tous les autres avant et ce très récemment. Dur dur d'être indulgent avec un regard à la fois neuf, un peu plus mature qu'avant et (surtout) imprégné de l'univers de Miller.
Car en effet, qu'est-ce que Mad Max ? Si l'on exclut ce que vous répondraient les connaisseurs du genre (du post-apo dans toute sa splendeur, des courses poursuites en bagnole dans le désert, un protagoniste ténébreux qui, dans l'intérêt de pauvres opprimés ou par vengeance, se lance dans une croisade meurtrière contre de sales vilains méchants pas beaux...), je répondrais que c'est avant tout un univers assez sombre et dur. L'histoire prend tout de même racine lorsque le protagoniste voit son meilleur pote défiguré puis sa famille assassinée, dans une Australie en proie à la violence et à la décadence. En clair, on n'est pas là pour rigoler ! La suite (excellente) continuera sur cette lancée, dans un futur plus lointain, une atmosphère plus folle et une action plus endiablée que jamais. Pour ce qui est maintenant de ce fameux troisième opus... Bé y'a clair'ment kêk' chose qui cloche.
Déjà l'entrée en la matière avec un générique signé Tina Turner, ça sonne faux. OK, la chanteuse ne s'en tire pas trop mal dans son rôle de dictatrice du futur, mais comment dire, c'est un peu comme si Star Wars avait commencé avec Daddy Cool de Boney M au lieu de son générique traditionnel. Ou comment flinguer tout un univers en commençant par lui enlever son ambiance caractéristique, son identité (tenez, prenez J.J. Abrams avec son Force Awakens, par exemple... mais je m'égare). On est peut-être en plein milieu des 80's mais cela n'excuse pas tout !
Ensuite, autant j'ai pas trop détesté la mise en scène de cette ville post-apo (plus semblable à un Conan du futur qu'à du Mad Max), autant j'ai bien eu du mal à y retrouver le Max que je connais. Hormis le personnage du nain juché sur les épaules du géant, le principe d'alimentation de la ville et le fameux Thunderdome, y'a pas à dire, la route nous manque...
Mais surtout. SURTOUT.
Des 4 opus, ce Max est sans doute le moins charismatique qu'on ait jamais vu. Déjà cette coiffure (Mel Gibson avait déjà Braveheart en tête à l'époque ou...?) et puis quelle mollesse ! Quel laisser-aller ! Le Max qu'on connait tous est peu bavard, torturé, solitaire, imprévisible, sûrement pas aussi relax, diplomate et bon samaritain que celui qu'on voit dans ce film ! A croire que le pauvre Mel en avait marre de ce personnage (ça ou il ne savait même pas ce qu'il tournait, au choix...).
Et puis il y a ce scénario.
D'accord, la première partie était plutôt réussie. Largement en dessous des opus précédents, elle faisait tout de même l'effort d'innover un peu et promettait quelques enjeux croustillants pour la suite - enjeux que la seconde se fera une joie de balayer d'un revers de la main. Au lieu d'une vengeance, d'un final explosif ou d'un affront lavé dans le sang, qu'est-ce qu'on a ?
Des enfants perdus qui prennent Max pour un sauveur tombé du ciel ; Aouch !
OK, l'idée n'est pas si mauvaise en soi (d'autant plus qu'elle mène plus tard à un épilogue avec un certain charme). Mais foutre ça en plein milieu d'un univers violent et franchement pessimiste comme Mad Max, non, désolé ça ne marche pas. Et surtout qu'est-ce que c'est chiant ! La partie dans le Pays Imaginaire dure beaucoup trop longtemps, entre ces gamins qui braillent et répètent sans cesse leur litanie et le pauvre Max qui semble aussi blasé que nous...
A ce stade, la course-poursuite finale (totalement inespérée) arrive comme un cheveu sur la soupe et fait bien pâle figure à côté de ses prédécesseurs. Que dire d'un Bruce Spence au personnage quasi-identique et pourtant 1000x moins attachant que celui qu'il interprétait déjà dans The Road Warrior, et du comique de répétition raté en la personne d'un paltoquet emplumé et increvable qui finit par faire un doigt d'honneur pour compenser l'absence d'une violence plus explicite...
Comme dirait Eli Wallach,
Le monde se divise en deux catégories: ceux qui préfèrent Mad Max: Beyond Thunderdome, et ceux qui le considèrent comme le pire.
Bien que n'étant pas un fan assidu de la saga, cet opus est pour moi clairement le moins bon de tous. Je déteste me servir de cet argument, mais son caractère beaucoup trop enfantin m'a paru bien trop soft et inadapté pour un univers de métal et de pétrole tel celui du Guerrier de la route.
Fort heureusement, Miller rattrapera le coup trente ans plus tard...