Mr Nobody part d'un point de vue original, et qui fait montre d'une certaine ambition ; celui d'un homme de 118 ans, dernier mortel d'une humanité qui a vaincu la mort, et qui raconte son histoire. Problème, c'est qu'à son âge, la mémoire fait forcément défaut, et que le départ de cette histoire, le choix d'un enfant entre son père et sa mère sur le quai d'une gare, st sujet à toutes les interprétations.
Jaco Van Dormael propose un film qui se veut gigantesque, ne serait-ce que par sa durée, 2h30 qui couvrent plus de 100 ans d'une vie, mais qui est un peu une version futuriste d'Amélie Poulain, à savoir qu'il a ramassé les miettes d'idées, pour en faire en fin de compte un film formellement réussi (très belle utilisation du pastel), mais à la limite de l’écœurement.
Tout comme INLAND EMPIRE, le film prend plusieurs chemins, pour une même interprétation de la vie de cet homme, Nemo, où son grand amour est représenté par trois femmes, qui se changent selon le plan, les enfants, les drames, la vie qu'il aurait eu s'il avait choisi son père ou sa mère.
J'avoue que le passage avec son père, avec un excellent Rhys Ifans, m'a touché, car on voit cet homme perdre progressivement la mémoire, et donc voir son fils s'en occuper comme d'un enfant est très beau. C'est peut-être une des seules respirations d'un film qui ne s'arrête pas durant ces 2H30, où Jared Leto semble à la merci des effets spéciaux et du maquillage, semble au centre d'une folle histoire, le tout avec ses drames, dont trois sont récurrents ; la voiture qui tombe dans un lac, la voiture (mais pas la même) qui prend feu à côté d'un camion citerne et un coup de feu dans la tête de Nemo.
Mis à plat, je pense avoir compris, mais je n'en pouvais plus de ces ralentis, de ces gros plans sur des yeux, de cette musique incessante (dont une qu'on entendait dans Halloween 2 et qui revient TOUT LE TEMPS). Quelque part, Mr Nobody m'évoque plus un Amélie Poulain obèse avec du fric qui lui sort de partout, mais qui n'en a pas sa pudeur, sa discrétion.