Sinister est né d’un cauchemar du scénariste C. Robert Cargill après avoir visionner Ring : il avait rêvé de films glauques en 8mm retrouvés dans une boîte dans son grenier. De là, le réalisateur Scott Derrickson et lui-même ont tissé une intrigue classique mais prenante : un écrivain féru de récits criminels emménage avec sa femme, son fils et sa fille dans une maison où une famille entière a été assassinée. La mystérieuse identité du meurtrier et la disparition de l’une des filles de la famille pendue vont servir de base pour son nouveau livre, lui permettant ainsi de renouer avec la gloire passée. Il va découvrir dans le grenier une boîte contenant un projecteur et cinq films amateurs en Super 8 décrivant chacun un meurtre. Son investigation va l’amener bien plus loin qu’il ne pouvait l’imaginer…
Dès l’entrée en matière, assez brutale et malsaine, j’ai ressenti un réel malaise. Malaise qui s’est retrouvé mâtinée de pression pendant les scènes de Super 8 et de déambulations nocturnes dans la maison. J’étais tendu et nerveux à force de guetter le moindre recoin au détour d’un couloir ou la moindre ombre à la fenêtre. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été soulagé à la vue d’un joyeux rayon de lumière, synonyme d’un court répit.
J’ai apprécié les réactions crédibles du personnage. Ce qui lui permet d’endurer les visionnages des films (aussi pénibles pour lui-même que pour le spectateur) et ses dangereuses et flippantes promenades nocturnes, c’est la peur. Mais pas la peur distillée par les événements surnaturels. Une peur encore plus puissante : celle de la perte de son statut social. Le choix d’Ethan Hawke pour ce premier rôle n’est pas d’ailleurs un hasard: on retrouve une certaine similitude entre la gloire passée de l’écrivain Ellison Oswalt dans le film et celle de l’acteur (bien que ce dernier ait volontairement pris ses distances avec la célébrité).
En raison d’un budget réduit, le réalisateur a trouvé sa source d’inspiration principalement sur le net. Pour le design de Bagul, Derrickson a acheté le droit à une image pour 500 dollars d’une création qui ressemble en tout point au démon du film. Les musiques des snuff films en 8mm ont été découvertes après avoir tapé « scariest music ever ». Le réalisateur est tombé sur des groupes européens dont il a acheté les droits de leurs musiques pour quelques dollars. Pour l’anecdote, pendant la réalisation des Super 8, le réalisateur a d’ailleurs diffusé par des haut-parleurs ces musiques. Ambiance. Je salue à ce titre l’énorme effort fait sur la bande-sonore du film.
À la liste des qualités précédemment citées s’ajoutent l’interprétation globale, l’effort de réalisation, l’enquête prenante, les jump scares réussis ou encore l’ambiance bien travaillée.
Un petit bémol quant à la conclusion qui, bien qu’elle ait le mérite de terminer sur une note pessimiste, fait clairement redescendre la tension avec les fantômes des enfants et le démon qui s’attardent à mon goût trop à l’écran.
Quoi qu’il en soit, Sinister reste un film extrêmement réussi et un réel plaisir pour l’amateur de films d’horreur que je suis.